La Maison Riel devra fermer ses portes pour la saison 2013, à la suite des compressions budgétaires annoncées par le gouvernement fédéral en mars dernier et qui touchent Parcs Canada. Une conséquence dramatique pour le patrimoine métis et francophone canadien.

 

La Liberté, presse francophone au Manitoba-Canada.
La directrice de la Maison Riel, Monique Olivier, vient d’apprendre que le site historique dont elle a la charge ne rouvrira pas ses portes en 2013.

 

Le feu ne crépitera plus, les costumes d’époque ne scintilleront plus et l’histoire ne revivra plus dans le foyer de la Maison Riel la saison prochaine.

En effet, la maison du père du Manitoba est probablement en train de donner son dernier souffle de vie cette saison, conséquence directe des compressions budgétaires du gouvernement fédéral qui touchent Parcs Canada, en charge du site historique situé chemin River à Saint-Vital.

« Depuis son ouverture en 1979, Parcs Canada avait confié à la Société historique de Saint-Boniface (SHSB) le contrat d’offrir le service d’interprétation aux visiteurs, explique Gilles Lesage, directeur général de la SHSB. Nous avons appris le 8 juin dernier que ce contrat ne sera pas renouvelé. »

La raison? Dans le bal des coupures budgétaires, Parcs Canada a placé 31 sites historiques nationaux dans la catégorie des sites à services non personnalisés. Il s’agit de sites qui n’offriront plus le service d’interprétation en raison de leur manque de visiteurs. La Maison Riel se trouve désormais dans cette catégorie.

« Il est prévu que la présence humaine des interprètes soit supprimée pour laisser place à des panneaux d’information autour de la Maison, précise Gilles Lesage. Toutefois, il est évident que sans personnel, nous ne pouvons laisser la Maison ouverte. Elle va donc fermer ses portes et sera visible uniquement de l’extérieur. Et sans contrat avec Parcs Canada, il n’est pas non plus financièrement réalisable pour la SHSB d’offrir son service d’interprétation. »

Pour le vice-président de l’Union nationale métisse Saint-Joseph du Manitoba (UNMSJM), Robert Allard, cette annonce est dramatique pour le patrimoine, l’histoire mais aussi l’avenir de la culture métisse et francophone du Manitoba et du Canada.

« C’est d’une importance vitale pour notre culture de sauvegarder ce site historique, témoignant de la vie du père du Manitoba, Louis Riel, déclare Robert Allard. « Nous faisons tant d’efforts pour éduquer le public sur l’histoire et la culture métisse et francophone, pour que les jeunes s’identifient davantage à leurs racines, en soient fiers, les revendiquent dans l’avenir et les fassent vivre de génération en génération, déplore-t-il. Fermer un tel site d’identification culturelle nous touche donc en plein cœur. C’est notre histoire, mais aussi notre futur. »

Robert Allard ajoute qu’« au lieu de réduire le nombre d’interprètes parce que le nombre de visiteurs a diminué, pourquoi ne pas améliorer la visibilité et la promotion de ce site historique? L’UNMSJM va écrire une lettre au gouverne­ment fédéral dans les prochains jours pour qu’il y ait une réaction ».

Pour sa part, Paul Desrosiers, d’origine métisse, s’inquiète de l’entretien de la Maison Riel en cas de fermeture. « Je crains que, quelques années après sa fermeture, la Maison soit détruite à cause du manque d’entretien et du vandalisme, confie-t-il. Or, ce qui est intéressant à voir, c’est l’intérieur de la Maison et non l’extérieur. Ça montre comment Louis Riel et les Métis vivaient. Fermer la Maison Riel est une décision incompréhensible à laquelle la députée fédérale de Saint-Boniface, Shelly Glover, d’origine métisse, réagira je l’espère. »

Pour la directrice actuelle de la Maison Riel, Monique Olivier, « cette fermeture annoncée est une grosse perte, non seulement pour les francophones et les Métis, mais aussi pour tous ceux qui accordent de l’importance à l’histoire. C’est un lieu en moins qui témoigne de la vie d’un personnage qui a marqué l’histoire du Canada. On a besoin de l’interprétation humaine pour bien raconter cette histoire, pour mieux l’enseigner aux petits comme aux grands. Il n’y a pas la même vie dans des panneaux », estime-t-elle.

Elle précise toutefois que «la nouvelle est encore très fraîche. Nous n’avons pas encore connaissance de tous les tenants et aboutissants qui nous permettraient aujourd’hui de prendre des décisions concrètes sur ce que nous allons faire ».

Ce sera donc probablement la dernière année où Louis Riel reprendra vie dans sa maison. Le public pourra en profiter jusqu’au mois de septembre, du lundi au dimanche de 10 h à 17 h (de 10 h à 20 h le jeudi).