L’ancien poste de police de Saint-Boniface deviendra une clinique multidisciplinaire francophone. Le Comité permanent des biens et aménagements de la Ville de Winnipeg en a pris la décision le 30 novembre dernier.

 

LA LIBERTÉ (PRESSE-CANADA)
Walter Kleinschmit.

Parmi les huit propositions de rachat de l’ancien poste de police de Saint-Boniface, au 227, boulevard Provencher, soumises à la Ville de Winnipeg, c’est celle des docteurs Marc et Sharon Fréchette qui a eu la préférence du Comité permanent des biens et aménagements.

Celui-ci a donc tranché le 30 novembre dernier. L’ancien poste de police sera vendu aux deux médecins pour la somme de 680 000 $, afin d’être converti en clinique multidisciplinaire franco­phone.

« J’ai soutenu la proposition des docteurs Fréchette car c’est un projet concret avec des retombées réelles pour la communauté francophone de Saint-Boniface, se réjouit le conseiller municipal de Saint-Boniface, Daniel Vandal. On manque de médecins francophones donc je suis content de voir que le Comité a suivi mes recommandations.

« De plus, les docteurs Fréchette se sont engagés à protéger la bâtisse, ce qui était important pour la communauté de Saint-Boniface », ajoute-t-il.

Les docteurs Marc et Sharon Fréchette ont maintenant 30 jours, à compter du 30 novembre, pour finaliser la vente, déposer une demande de subdivision des terrains et soumettre un appel d’offres pour trouver un architecte.

« Les fonctionnaires de la Ville vont rencontrer les docteurs Fréchette pour finaliser les derniers détails de l’entente, et d’ici un mois, la vente de la bâtisse devrait être officielle », annonce Daniel Vandal.

Encore à faire

Encore sous le choc d’avoir remporté la compétition pour l’achat du 227, boulevard Provencher, Marc Fréchette veut pour sa part rester modéré.

« On n’est pas encore prêts à prendre des patients!, s’exclame-t-il. Il reste encore des centaines de choses à faire avant de commencer à tenir une liste de patients, comme du recrutement, des rénovations, ou encore des inspections. On fera de notre mieux car il y a une vraie pénurie de médecins francophones et un besoin de clinique francophone à Saint-Boniface, mais il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs. »

Marc Fréchette a tout de même un plan d’action en tête. Il prévoit commencer par rassembler une équipe d’experts dans divers domaines, notamment le recrute­ment, et téléphoner à son médecin contact au Québec.
« C’est un bon temps pour recruter des médecins au Québec, ajoute-t-il, car leurs rémunérations viennent d’être baissées. On va battre le fer pendant qu’il est chaud! »

Outre le recrutement dans d’autres provinces, Marc Fréchette espère aussi « aller trouver les médecins francophones à Winnipeg qui ne pratiquent pas en français car ils ne sont pas au bon endroit ».

Communauté vigilante

Du côté de l’Association des résidants du Vieux Saint-Boniface (ARVSB), malgré la bonne nouvelle que le projet de clinique des docteurs Fréchette ait été approuvé par la Ville, « car c’est une bonne idée et une nécessité », selon le président de l’ARVSB, Walter Kleinschmit, on craint que l’édifice n’appartienne plus à la communauté.

« On avait fait une autre proposition de remettre l’édifice à la communauté et ça n’a pas été accepté, confie Walter Kleinschmit. Notre inquiétude maintenant, puisque c’est devenu privé, c’est que si jamais le projet des docteurs Fréchette ne peut pas se réaliser finalement, la communauté aura perdu toute influence au sujet de cette bâtisse. »

En effet, plusieurs cas dans le passé ont démontré à l’ARVSB que les intentions énoncées à la Ville n’étaient pas toujours suivies des faits.

« À la pointe Hébert, les développeurs n’ont pas suivi les décisions de la Ville en 2007, rappelle Walter Kleinschmit. De même, quand la nouvelle bâtisse de la Caisse a été construite, on nous avait promis toutes sortes de choses qui ne sont pas arrivées, comme un café. Enfin, sur l’avenue Taché, il devait y avoir un autobus près du Musée de Saint-Boniface et on ne l’a finalement jamais vu. »

Du positif

Dans l’immédiat cependant, le président se réjouit que la priorité de l’ARVSB, celle de conserver la bâtisse du fait de son cachet historique, est respectée dans la proposition retenue par la Ville. « De plus, la communauté garde bien accès à la bâtisse, et le Jardin de sculptures ne sera pas empiété par ce projet », poursuit Walter Kleinschmit.

L’ARVSB prévoit donc entrer en contact avec les docteurs Fréchette pour les encourager dans leur projet de clinique francophone, qui répondra à un grand besoin à Saint-Boniface, mais aussi pour les sensibiliser à l’importance pour la communauté de poursuivre le projet tel que prévu.

Par ailleurs, Daniel Vandal a proposé à la Ville qu’une partie des profits de la vente de la bâtisse, soit 300 000 $, soit réutilisée pour redévelopper le boulevard et le parc Provencher.

« C’était mon idée pour que la vente de la bâtisse revienne quand même, au moins en partie, à la communauté, explique le conseiller municipal. La proposition doit encore être appuyée par le conseil municipal le 13 décembre prochain, mais je suis très confiant car tous les membres du Comité permanent des biens et aménagements y étaient favorables. »

« On est très contents de l’initiative de Daniel Vandal, et du fait qu’elle a été acceptée par le Comité, conclut Walter Kleinschmit. Ça va nous aider à épanouir notre vision identitaire pour Saint-Boniface sur laquelle on travaille en ce moment. »