La Faculté de droit de l’Université du Manitoba offrira à partir du 9 janvier, pour la première fois dans l’Ouest canadien, un cours de droits linguistiques en français.

 

LA LIBERTÉ PRESSE-CANADA)
Gérald Heckman (à gauche) a développé le premier cours de droits linguistiques en français au Manitoba et dans l’Ouest canadien. Il sera coordonné par Raymond Hébert (à droite).

Étudier le droit en français au Manitoba devient de plus en plus possible. Après avoir lancé un cours de français juridique en janvier 2011 à l’intention des étudiants de 2e et 3e années, puis un cours de rédaction et recherche juridique en français pour ceux de 1e année en septembre 2012, la Faculté de droit de l’Université du Manitoba lancera le 9 janvier un second cours de 2e et 3e années en français, sur les droits linguistiques.(1)

« On est la seule Faculté de droit au Manitoba, donc c’est notre devoir de former des étudiants capables de représenter des clients en français », affirme le professeur agrégé de droit à l’Université du Manitoba, Gérald Heckman, qui a mis sur pied le cours de droits linguistiques en français.

« On veut donner les outils nécessaires aux juristes qui voudront exercer en français, poursuit-il. On a de plus en plus d’étudiants francophones ou issus de l’immersion qui veulent développer leur français. »

D’ailleurs, le professeur émérite à l’Université de Saint-Boniface (USB), Raymond Hébert, qui coordonnera le cours de droits linguistiques, souligne que « l’Association des juristes d’expression française du Manitoba (AJEFM) compte désormais plus de 150 membres, un chiffre qui a beaucoup augmenté depuis les 10 dernières années. Ça montre bien une augmentation des juristes qui veulent pratiquer en français ».

Incontournables

L’étude des droits linguistiques faisait jusqu’à présent partie du cours de français juridique, mais Gérald Heckman a décidé d’en faire un cours à part entière avec l’appui de la doyenne de la Faculté de droit, Lorna Turnbull.

« Les droits linguistiques sont incontournables au Manitoba car on a une minorité francophone, explique le professeur agrégé de droit. Or pour bien représenter les clients francophones, il est important de bien comprendre le cadre juridique des droits linguistiques. »

Pour développer le contenu du cours, ce qui a duré environ deux ans, Gérald Heckman s’est fait aider d’autres juristes franco-manitobains, notamment Rénald Rémillard et Guy Jourdain, mais aussi de professeurs des Facultés de droit de Moncton et Ottawa. Ces deux centres sont en effet les experts canadiens en droits linguistiques.

« Tout le monde était très enthousiaste quand je les ai approchés, se réjouit Gérald Heckman. Ce sont des gens passionnés. On a voulu mettre un accent sur l’Ouest, tout en abordant certains thèmes fédéraux nécessaires. On aura aussi un module sur les droits linguistiques des peuples autochtones, ce qui est assez nouveau dans l’Ouest. »

Il signale par ailleurs que le cours de droits linguistiques « se veut ouvert aux étudiants des autres Facultés. Ce serait intéressant et enrichissant, par exemple, qu’il y ait des étudiants de sciences politiques dans le cours. On n’aura pas une approche que juridique des droits linguistiques, aussi sociale ou encore historique ».

Multiples intervenants

Quant à l’animation du cours, divisé en 13 thèmes couvrant les 13 sessions du cours, Gérald Heckman a rassemblé pour cela plus de 25 experts en droits linguistiques. Ce sont eux qui assureront les cours à tour de rôle, coordonnés par Raymond Hébert.

« Chacun va développer son cours avec son expertise, indique Raymond Hébert. On n’a pas l’intention de s’ingérer car ce sont eux les experts, c’est pour cela qu’on est allés les chercher. Mon rôle sera de m’assurer qu’il y a une continuité dans le cours. »

Gérald Heckman se réjouit par ailleurs que « Raymond Hébert a une connaissance très approfondie des droits linguistiques. Il a écrit en 2004 un livre sur le sujet qui a remporté un prix. Il pourra donc interagir avec les conférenciers de façon informée et instruite, ce qui ne peut que rehausser le niveau du cours. »

Par ailleurs, la plupart des intervenants ne seront pas sur place pour donner leur cours. Beaucoup seront dans l’Est, ou même en Floride. « On va beaucoup utiliser Skype et les vidéoconférences, annonce Gérald Heckman. Dans l’histoire de notre Faculté de droit, c’est probablement le cours qui se sera le plus servi de la technologie! »

De même, un site Internet interne va être développé pour les intervenants et les étudiants. « Ça va être un outil de communication important et nécessaire du fait de la distance, anticipe Raymond Hébert. On y rassemblera de la documentation électronique pour les différentes sessions. »

« On ne remplacera pas les Universités de Moncton ou d’Ottawa qui offrent des programmes entiers de Common Law en français, conclut Gérald Heckman, mais quand on sait qu’il n’y avait rien en français à la Faculté de droit du Manitoba il y a trois ans, on sait qu’on va faire une grande différence pour nos étudiants francophones et francophiles. C’est une première au Manitoba, mais aussi dans tout l’Ouest canadien. »

(1) Info. et inscriptions : 204 474-6139