Par Chloé Le Mao
Pour son exposition du samedi 27 juillet, Briand-Nelson Mutima se tient prêt à plonger son public en plein cœur du continent africain. Un voyage pittoresque contemplatif et réflexif.
Du haut de ses 19 ans, Briand-Nelson Mutima possède une vie déjà bien remplie. Originaire du Burundi, il est contraint dès ses quatre ans et demi de quitter ce pays ravagé par la guerre. À son arrivée au Cameroun, il trouve rapidement dans le dessin un exutoire au traumatisme généré par le sinistre spectacle des conflits ethniques. « C’était une période très difficile, explique Briand-Nelson Mutima. J’ai réussi à me remettre de la guerre grâce à une psychiatre avec laquelle je communiquais par le dessin. » En grandissant, si le souvenir d’un tel épisode s’estompe, son intérêt pour l’art en revanche ne disparaît pas. Bien au contraire, c’est désormais armé d’un pinceau qu’il exprime et interprète le monde.
Une hyperactivité grandissante
Depuis son arrivée à Winnipeg il y a seulement deux ans, Briand-Nelson Mutima ne semble plus vouloir se contenter de la peinture. Artiste-peintre l’été, étudiant à l’Université du Manitoba le reste de l’année, il espère pouvoir poursuivre études en art et en sciences à l’avenir. Et comme si cela ne suffisait pas, ce jeune hyperactif a récemment choisit de s’orienter vers un nouveau domaine : la musique. « L’été prochain, je voudrais sortir un album, confie Briand-Nelson Futima. J’ai déjà un producteur, Samuel Mulimbwa, prêt à me laisser utiliser son studio. » Et la personnalité touche-à-tout du jeune homme va jusqu’à se refléter à travers ses toiles, comme en atteste sa prochaine exposition du 27 juillet, de 14 h à 16 h 30, dans le hall de la Première église presbytérienne, au 61 place Picardy. « Elle consistera en un assemblage de tous mes styles, explique le jeune artiste, c’est-à-dire de la peinture à l’huile, de l’acrylique et de l’aquarelle. Mais j’y présenterai aussi les cartes postales peintes à la main que je réalise, ainsi que des tableaux peints en volume. Depuis un an et demi j’ai également commencé le scratch paper. Tout cela sera présent dans ma galerie. »
Voir et faire voir
Mais au delà de la portée esthétique de ses œuvres, Briand-Nelson Mutima a une toute autre ambition pour son exposition. Celle-ci s’articule en effet autour de la thématique de la new generation, avec pour finalité de sensibiliser le public aux enjeux environnementaux. Il s’agit ainsi pour l’artiste de faire prendre conscience le public du « fléau », comme il l’appelle, qui ravage la planète. Mais si ses toiles se font parfois les prophètes d’une fin du monde se rapprochant à vive allure, elles ne conduisent pas pour autant au néant. C’est au contraire l’espoir qui est placé au premier plan, l’exposition est ainsi une apologie d’une génération future capable de rebâtir l’avenir.
L’Afrique grandeur nature
« À travers cette exposition, je voudrais aussi rassembler les artistes africains de Winnipeg, explique Briand-Nelson Mutima. Je voudrais qu’on commence à tous travailler ensemble dans un grand studio des artistes africains. Et il n’y aurait pas que de l’art, on y trouverait aussi de musiciens, des danseurs, etc. C’est d’ailleurs comme ça que cela se passe là d’où je viens. Lors des expositions, il y avait systématiquement des joueurs de djembé pour animer la galerie.
« Mon but est de développer l’esprit de la communauté africaine à Winnipeg et de dévoiler nos traditions, conclut-il. Il faut qu’on voyage sur un autre continent. »