Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes a donné son accord pour le projet de chaîne de télévision francophone Unis.

Photo : Gracieuseté TV5
Photo : Gracieuseté TV5

« C’est une journée marquante pour la francophonie canadienne, et un nouveau chapitre pour la production francophone au Canada », lance la présidente-directrice générale de TV5 Québec Canada, Suzanne Gouin. Le 8 août dernier, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) a approuvé le projet de chaîne francophone canadienne Unis, présenté par TV5. Un autre projet était en compétition, celui de la chaîne Accents soutenu par la Fondation canadienne pour le dialogue des cultures.

« Le CRTC a reconnu l’importance d’avoir un deuxième diffuseur », affirme le co-fondateur des Productions Rivard, Louis Paquin. Le producteur indépendant basé à Winnipeg soutenait la chaîne Accents et reconnaît « une certaine déception que le projet retenu ne soit pas ancré à 100 % dans la francophonie canadienne ». Reste qu’il est confiant pour l’avenir. « C’est une nouvelle opportunité, avance-t-il. On va construire à partir de cette base. L’important pour les producteurs indépendants est dorénavant de bien comprendre la vision de TV5 pour développer du contenu qui leur convient. »

« Je suis à la fois très contente et déçue », déclare, pour sa part, la présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA), Marie-France Kenny. « Le fait que le CRTC n’ait pas approuvé Accents qui était proposé par les communautés francophones au pays est une déception. Mais on ne s’opposait pas à Unis pour autant. On savait qu’il y avait peu de chance que deux chaînes soient acceptées. Maintenant, on va en avoir une nouvelle qui va mieux refléter les communautés francophones et acadienne. »

De son côté, la directrice générale de l’Alliance des producteurs francophones du Canada (APFC), Natalie McNeil, exprime sa « grande satisfaction ». « L’APFC était persuadée que le CRTC allait reconnaître la nécessité d’avoir une nouvelle chaîne ainsi que la valeur du projet de TV5 », affirme-t-elle. L’Alliance, qui représente les producteurs audiovisuels francophones hors Québec, souhaite participer activement à la mise en œuvre d’Unis. « Les discussions vont démarrer rapidement », pense Natalie McNeil.

Beaucoup de travail

Suzanne Gouin prévoit que la nouvelle chaîne francophone commencera à émettre à l’automne 2014. D’ici-là, il reste beaucoup de travail aux différents acteurs. « Nous nous donnons un an pour mettre tout cela en place, indique la présidente-directrice générale de TV5 Québec Canada. Trois nouveaux bureaux vont ouvrir hors Québec, on va aussi lancer des appels à projets et attendre le retour des producteurs régionaux basés à l’extérieur du Québec et avec lesquels nous allons travailler. »

Plusieurs défis attendent aussi Unis. Tout d’abord, en terme logistique, il n’est pas évident de mettre sur pied une nouvelle chaîne de qualité en si peu de temps. « On ne part pas de zéro, insiste Suzanne Gouin. Nous avons des équipes qui ont des compétences pour cela au sein de TV5 ».

Un autre obstacle, financier cette fois, a surgi à la suite de la décision rendue par le CRTC. « Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes ne nous a pas accordé le tarif que nous demandions. Cela représente un manque de 5,5 millions de $ par an », explique Suzanne Gouin. Reste que, malgré cela, elle n’est pas inquiète dans la capacité d’Unis à refléter la diversité de la francophonie canadienne. « La chaîne aura un contenu généraliste sans sport et sans bulletin de nouvelles. Il y aura, par exemple, du cinéma ou encore des productions pour les enfants. La diversité se verra à travers l’éventail des émissions », assure-t-elle.

Au final, la réussite d’Unis dépendra surtout de la capacité des acteurs francophones partout au pays à travailler ensemble. « Il faut faire de cette chaîne un succès pour montrer au CRTC que ça marche », conclut Louis Paquin.