Par Wilgis AGOSSA
Relater l’histoire d’une vie à partir d’un chapeau, c’est l’exercice auquel se sont livrés quelques artistes dont le travail est exposé à la Maison Gabrielle-Roy.
Les chapeaux d’une vie, c’est le nom de l’exposition qui se tient jusqu’au 29 août à la Maison Gabrielle-Roy. Une trentaine de chapeaux y sont exposés. Chacun d’eux raconte l’histoire d’un artiste qui a participé à ce projet communautaire.
Derrière ce projet se cache aussi une histoire. « On peut suivre le cheminement de la vie d’Anastazja Urbanik, une immigrante ukrainienne venue de Pologne à Winnipeg, peu de temps après la Seconde Guerre mondiale, par tous les chapeaux qu’elle a gardés tout au cours de sa vie », explique Colette Balcaen.
Après la mort d’Anastazja Urbanik, Colette Balcaen a hérité d’un grand nombre de ces chapeaux. « J’ai eu 56 chapeaux, confie-t-elle. Ils témoignent des changements de mode basés sur les courants historiques en plus de caractériser cette dame ».
Aujourd’hui ce sont ces chapeaux appartenant à une autre vie qui ont donné l’occasion à 30 artistes de parler de la leur. « Ce projet a donné l’opportunité à plusieurs artistes d’exprimer un aspect de leur vie. Ils sont partis d’un chapeau venant d’une autre vie pour lui donner une nouvelle vie », précise Colette Balcaen.
La responsable du projet, a pour sa part été inspirée par l’un des chapeau d’Anastazja Urbanik qui avait la forme d’une assiette. « Quand j’ai vu le chapeau, à l’envers, je me suis rappelé d’un incident de jeunesse où ma sœur et moi, en faisant la vaisselle nous moquions du chapeau de notre mère, raconte-t-elle.
« C’était les années pendant lesquelles il était de rigueur pour les femmes de porter un chapeau pour entrer à l’église », souligne Colette Balcaen. À travers son œuvre, l’artiste a donc voulu représenter « la Révolution tranquille qui a franchi les limites territoriales du Québec pour arriver au Manitoba », explique-t-elle.
« J’ai brodé les mots ” humble, soumise, dévouée et silencieuse ” sur le chapeau que j’ai placé au-dessus d’une croix de bois verni et égratignée à la manière des anciens bancs d’église. Je veux symboliser à travers toute l’œuvre le désir des femmes d’avoir un rôle plus important dans l’église », précise Colette Balcaen.
Cette exposition voyagera dans différentes régions du Manitoba pour raconter toutes ces histoires qu’elle cache sous chaque chapeau.