Dans la nuit du mercredi 21 août, le vélo d’Emeric Seguin disparaît. 48 heures plus tard, il retrouve son bien, grâce aux réseaux sociaux et à l’interconnexion de la communauté francophone.
Jeudi 22 août, 2 h du matin. Emeric Seguin sort d’une soirée de départ d’amis montréalais. Il se prépare à rentrer chez lui. Mais, surprise, son vélo qu’il avait barré quelques heures auparavant, au croisement des rues Osborne et Roslyn, a disparu.
Plus que la perte de son moyen de transport, c’est un choc pour ce fou de vélo. Un bien qui revêt une grande valeur matérielle et surtout sentimentale pour le jeune homme. « Je l’ai construit de mes mains, pièce par pièce. Un vélo flashy vert avec des roues profilées, une roue noire devant, et or derrière. Je l’ai amené jusqu’ici de Montréal. Mon vélo avait seulement un an. Un court investissement », raconte le mordu de deux roues, désemparé.
Tout de suite, il poste une annonce avec la photo de son vélo, une description et un avis de recherche sur Internet. Il inonde les réseaux sociaux.
« J’ai été très agréablement étonné de recevoir tous ces messages de soutien venant d’amis d’amis, de gens que je ne connaissais même pas. J’ai été très touché de voir la communauté se mobiliser pour moi. Peut-être se disaient-ils : nous pouvons être les prochains », témoigne Emeric Seguin. Sur Facebook, près de 70 personnes ont partagé son annonce. Une visibilité de près de 30 000 personnes.
Mais Emeric Seguin ne se fait pas d’illusion : « le vol de vélo est un crime socialement accepté ici. Il y a un marché important de vol et de revente. Peu de punitions et presque aucun moyen de retrouver les voleurs ». Selon le Service de police de la ville de Winnipeg, 3 000 vols de vélos sont déclarés chaque année. Un fléau qui touche tout le Canada puisque 2 700 vélos ont été volés en 2012 à Montréal.
Un chiffre important. Mais sous-estimé? Une étude réalisé par l’Université Mc Gill montre que les vélos volés valent moins de 500 $, ont été acquis par la revente et sont des vélos de seconde main. Ceci expliquerait pourquoi les propriétaires de vélos ne prennent pas la peine de déclarer le vol ou de déposer une demande de réclamation à l’assureur.
Emeric Seguin commence doucement à faire le deuil de son vélo, quand il reçoit l’appel d’un camarade de jeu de bike-polo. « Il ne m’appelle jamais d’habitude. Je savais qu’il avait des nouvelles de mon vélo mais je n’osais y croire », raconte-t-il. « Grâce aux réseaux sociaux, les joueurs ont reconnu mon vélo quand Adam Rickshaw est venu le rapporter au centre communautaire River Osborne, lieu où je joue au bike-polo tous les vendredis soirs normalement. » reprend-il.
Le fameux jeudi soir, Adam Rickshaw passe au coin de la rue quand il aperçoit un beau vélo dont la chaîne a été coupée et dont le tiers des rayons de la roue arrière ont été sectionnés. Il ramasse le vélo chez lui, par peur qu’il ne se soit volé et décide de le ramener au lieu d’entraînement de bike-polo, sûr d’y trouver le propriétaire.
Emeric Seguin est aux anges. « Winnipeg est la 8e plus grande ville au Canada par sa population de 730 000 habitants. Cette malheureuse histoire aura prouvé une chose : que les gens de la communauté sont très interconnectés et que la capacité d’entraide y est époustouflante. J’ai retrouvé mon vélo en moins de 48 h! », s’exclame-t-il.
Le combat commence seulement pour Emeric Seguin. « J’aimerais trouver une solution externe au réseau policier. Les autorités policières sont débordées par d’autres tâches. » Une solution qui passerait par les réseaux sociaux. « À Montréal ils ont lancé un groupe Facebook « Vélo Volé » où les victimes signalent l’endroit où leur vélo a été volé. » Cette initiative donne une image de l’ampleur du phénomène, à défaut de permettre de retrouver les vélos disparus. Un outil dont pourrait se servir les services de police à l’avenir?
En attendant, Emeric Seguin est allé faire buriner son vélo auprès des autorités policières. Ceci afin d’être appelé si jamais son vélo est volé et retrouvé. Il pense remplacer ses rayons sectionnés par des rayons en or pour se rappeler cette histoire.
Par Manon BACHELOT