La Compagnie de La Vérendrye
Michel Loiselle et Ken Paupanekis incarnent La Vérendrye et le chef cri, La Mikouenne, dans le court-métrage, Fort Rouge.

Fort Rouge, un court-métrage produit par la Compagnie de La Vérendrye, se veut une reconstitution de l’arrivée de l’explorateur français à La Fourche, et de la confluence des peuples européen et autochtone.

La Compagnie de La Vérendrye a entamé, les 19 et 20 octobre derniers, le tournage d’un court-métrage racontant la construction, en 1738, du fort Rouge par l’explorateur français La Vérendrye. Intitulé provisoirement Fort Rouge, le film, qui sera d’une durée d’environ cinq minutes, fait également état de la rencontre des Européens et des Cris de la vallée de la rivière Assiniboine.

« Nous avons tourné à quelque jours près du 275e anniversaire de la construction, à La Fourche, du vrai fort Rouge », indique le capitaine de la Compagnie, Michel Loiselle, qui a campé le célèbre explorateur.

Pour le film, la Compagnie, accompagnée d’un groupe de comédiens autochtones, s’est installée à Wampum, dans la région de Piney, où une palissade partielle a été construite. « Nous y avons tourné des images de voyageurs et de soldats de La Vérendrye qui équarrissent et travaillent des billots de bois », mentionne Michel Loiselle.

D’autres scènes ont été tournées au parc Lagimodière, à Saint-Boniface, où la rivière Seine se verse dans la rivière Rouge. « Le décor contemporain était tout simplement trop visible pour que nous puissions tourner à La Fourche, où la construction du fort Rouge a vraiment eu lieu, indique Michel Loiselle. Le parc Lagimodière nous a permis de recréer un campement mixte, c’est-à-dire doté de tentes européennes et de tipis autochtones, sans l’encombrement d’édifices modernes. »

En effet, à en croire les participants, la rencontre des cultures européenne et autochtone sera un des hauts points du film.

« On verra quelques images de traite des fourrures, où les marchands français échangent avec les Autochtones, explique Michel Loiselle. Nous avons recruté plusieurs Autochtones pouvant s’exprimer en cri, langue que parlait autrefois un grand nombre d’Autochtones de la vallée de la rivière Assiniboine au temps de La Vérendrye. »

Un des comédiens, Ken Paupanekis, est fier d’avoir traduit les dialogues dans sa langue maternelle.

« Le cri, c’est la langue que je parlais à la maison, à Norway House, avant d’avoir appris l’anglais à l’école, explique l’enseignant à la retraite. Les peuples cris ont habité de grandes sections de ce qui est devenu le Manitoba. L’ojibwa, l’autre langue importante de la région, s’apparente tellement aux dialectes des Cris du Sud et du Nord de la province que je peux me tirer plutôt aisément d’affaires avec mes amis ojibwa. C’est comme la différence entre deux langues romanes, par exemple le portugais et l’espagnol. »

Cinéma - La Compagnie de VérendryeDans le film, Ken Paupanekis campe La Mikouenne, un chef autochtone qui, en rencontrant La Vérendrye, est heureux de retrouver un vieil ami.

« Je le remercie d’être de retour, parce que les Cris préfèrent traiter avec les Français plutôt qu’avec les Anglais, explique-t-il. Mon personnage mentionne également le décès malheureux du fils de La Vérendrye, Jean-Baptiste, aux mains des Sioux, ennemis des Cris, en 1736. Notre entretien se conclut sur une discussion des explorations que veut entreprendre La Vérendrye dans l’Ouest.

« Participer au tournage d’un film était une nouvelle expérience pour moi, mais un privilège, poursuit-il. J’ai pu assister, en quelque sorte, à un moment charnière de l’histoire autochtone et canadienne. Et de plus, j’ai pu faire vivre ma langue crie, que l’on entend de moins en moins souvent au Manitoba. Les étudiants de l’Université du Manitoba qui suivent mon cours et mon laboratoire de langue crie éprouvent parfois, à la rentrée des cours, de la honte de ne pas pouvoir s’exprimer dans la langue de leurs ancêtres. À mon avis, c’est ce genre de film qui peut encourager un jeune à vouloir l’apprendre. »

En fait, il est fort probable que Fort Rouge soit présenté en milieu scolaire. « La Compagnie n’a pas encore complété son plan pour la distribution du film, indique Michel Loiselle. Mais chose certaine, les écoles en feront partie, étant donné le souci que nous avons eu à maintenir une authenticité historique rigoureuse dans les costumes, l’équipement, les canots et, bien entendu, les langues parlées. Il se peut qu’un jour, le film soit également disponible sur Internet. Nous aurons un produit fort intéressant, puisqu’il sera en français et en cri sous-titrés. »

Réalisé par Jeff Riddell des productions Moving On! Motion Pictures, Fort Rouge sera lancé en décembre, ou lors du prochain Festival du Voyageur, en février.

 

Par Daniel BAHUAUD