Lovesyck, la nouvelle bande dessinée d’Alexis Flower présentée sur Internet, explore la science-fiction des BD américaines et européennes, ainsi que l’érotisme de ses personnages.

Une planche de Lovesyck, la nouvelle bande dessinée virtuelle d’Alexis Flower.
Une planche de Lovesyck, la nouvelle bande dessinée virtuelle d’Alexis Flower.

Dans un futur éloigné, à bord d’une énorme station intersidérale, dans un night-club nommé Lovelyss, une femme détective, Johnny Teflon, entame l’investigation d’un meurtre, tout en complétant une petite mission pour l’épouse de Gaskar The Guts’ Chandelier, l’un des gangsters les plus brutaux de l’espace. En quelques heures à peine, Johnny Teflon croisera des personnages curieux, dangereux et sexy, et se lancera dans plusieurs aventures violentes, et chargées de volupté.

C’est ainsi que débute Lovelyss, la bande dessinée virtuelle réalisée en 2012 par le Franco-Manitobain, Alexis Flower. Et, à partir du 17 janvier, l’artiste autodidacte lancera la suite, Lovesyck.

« L’histoire de Lovesyck se déroule antérieurement aux évènements de Lovelyss, explique Alexis Flower. C’est donc une préquelle. L’avantage est que je peux explorer la station spatiale, le night-club et les personnages qu’on a déjà rencontrés, qu’ils aient été tués ou pas dans la première histoire. J’adore pouvoir revisiter la gérante du night-club, Sassy Lockhart. De plus, j’ai pu développer plusieurs fils narratifs mentionnés dans Lovelyss, mais qui étaient alors restés inexplorés. »

| Pour Internet

Conçues pour Internet, Lovelyss et Lovesyck font appel à la fonction de défilement descendant des souris et des claviers d’ordinateur, un élément qui change la façon de présenter les images séquentielles.

« On descend continuellement pour lire l’histoire, explique Alexis Flower. Les dialogues et les phylactères indiquant les pensées des personnages doivent être présentés en ordre descendant. Et il y en a des phylactères, puisque Johnny Teflon a la curieuse habitude de parler à voix haute, comme si elle contribuait elle-même la narration de style film noir à sa propre vie. À la grande consternation des personnages qu’elle rencontre!

« Par contre, bien que j’ajoute quelques éléments visuels à l’ordinateur – surtout les éléments un peu futuristes – la quasi-totalité des images est dessinée à la main, sur du papier, au crayon, à l’encre et à la peinture. Je prends ensuite les planches à l’aquarelle, et je les numérise au scanner. »

À cela s’ajoutera, pour Lovesyck, une trame sonore réalisée par des musiciens franco-manitobains, notamment Nadia Gaudet et Benjamin Funk. Or, si les histoires futuristes d’Alexis Flower sont présentées sur Internet, elles tirent toutefois leur inspiration narrative et visuelle des écoles franco-belge et américaine de la bande dessinée.

| Un érotisme singulier

« Le mélange de science-fiction et d’histoires de détectives évoque l’intertextualité de l’Américain Frank Miller qui, entre autres, a conçu l’une des plus importantes histoires de Batman, The Dark Knight Returns, rappelle Alexis Flower. Mon choix de couleurs et mes images futuristes évoquent celles du Yougoslave Enki Bilal, produites dans les histoires fantastiques publiées en France. Il y a même des éléments d’anciens mangas japonais, comme Ghost in the Shell. »

Tout cela à une différence près : l’érotisme dont Lovelyss et Lovesyck sont imbus n’a rien à voir avec l’Amérique, l’Europe ou le Japon.

« Les Européens ont plus de contenu adulte, mais le regard masculin est prédominant, soutient Alexis Flower. Quant à Frank Miller, c’est un misogyne de l’extrême droite. J’ai une vision plus égalitaire de la sexualité librement exprimée. Et j’aime examiner les dichotomies curieuses dans la sexualité de mes personnages. Johnny Teflon s’habille comme un homme, est timide devant certains hommes, mais demeure toutefois nymphomane. Sassy Lockhart n’a aucune libido, mais est exhibitionniste. Et malgré tout cela, leur sexualité ne les définit pas. Dans les deux récits, elles ont d’autres qualités et rôles plus importants. »

On peut lire Lovelyss et, à partir du 17 janvier, Lovesyck, sur le site lovelyss.com.

Daniel BAHUAUD