Elle tape du pied sur ses pédales loop et fait vibrer ses cordes vocales. En concert le dimanche 23 mars, à partir de 20h, au Park Theatre, Rayannah Kroeker, du groupe winnipégois collage-à-trois, donne enfin un nouvel élan à sa carrière en solo.

Rayannah Kroeker
Rayannah Kroeker

Elle se tient bien droite dans ses chaussures cuivrées et sa robe serrée. Les quelques plumes qui coiffent ses cheveux et son rouge à lèvre flamboyant ponctuent ce tableau original. Assurément Rayannah Kroeker inspire l’élégance, la recherche de l’esthétique et la créativité. Tout comme sa musique.

En effet, la jeune artiste n’en finit plus de faire résonner ses cordes vocales. Membre du groupe collage-à-trois avec Jocelyn Goertzen et Shannon Kristjanson, plus besoin pour elle de faire ses preuves, sa notoriété elle a su l’acquérir à grand renfort d’expérience et de prestations. Ambitieuse, Rayannah Kroeker ne s’en contente pas pour autant. Cela fait maintenant trois ans que la jeune femme s’est lancée dans un exercice original : dompter des pédales loop.

Les pédales loop
Les pédales loop

Son « truc », sa « base », son « instrument », ses « pédales », quels que soient les noms par lesquels elle le désigne, l’appareil électronique possède des propriétés bien à lui. Par un système de pédales, il enregistre, reproduit, amplifie ou atténue les sons émis par la compositrice.

L’occasion pour elle de déployer son imagination : dévoilant le spectre de sa voix, tapant des mains, claquant des doigts, ou performant en beatbox, c’est toute une panoplie colorée de sonorités que Rayannah Kroeker enregistre et superpose.

Et en trois ans, l’artiste titulaire d’un baccalauréat en musique a parcouru du chemin. De ses quelques représentations en solo données lors de son épopée en Europe, l’occasion pour elle « de gagner en inspiration et en sagesse », c’est aujourd’hui un premier EP qui est sur le point de voir le jour. En pleine période d’enregistrement d’un disque composé de cinq morceaux dont l’un en français, Rayannah Kroeker y imprime son vécu et ses valeurs.

« Mes chansons sont pour la plupart descriptives, explique la jeune artiste. Grâce à mes pédales, c‘est comme si je peignais un tableau. À mesure que j’applique les différentes couches de voix, la musique devient de plus en plus vive. »

Une musique qui évolue au gré des aventures de la chanteuse-compositrice. Le voyage, l’amour, le féminisme, autant de thématiques inscrites dans ses musiques comme elles le sont dans sa propre vie. Le tout sur des rythmes lents, un style jazzy vaporeux et enivrant.

« C’est justement mes nouvelles compositions que je vais avoir la chance de présenter pour la première fois au Park Theatre », confie Rayannah Kroeker.

Accompagnée d’un quatuor de cordes, d’une guitare, d’une basse et d’une batterie, la jeune femme effectue donc son premier grand plongeon dans sa carrière en solo. Entre les murs rêches du Park Theatre, le dimanche 23 mars à 20h, sa voix et ses pédales affronteront enfin les amoureux de jazz qu’abrite Winnipeg.

Un spectacle d’un coût de 15 $ à l’entrée et de 12 $ pour ceux désireux de se procurer un billet avant le jour J. Organisé par Jazz Winnipeg, il s’inscrit dans les Nu Sounds Series, une gamme de concerts destinés à mettre en lumière, le temps d’une soirée, ces artistes locaux à l’esprit touche-à-tout et à la créativité volatile.

Chloé LE MAO