Incapable de conclure une entente avec les propriétaires concernés, la Municipalité rurale de Ritchot n’a pas pu obtenir les terrains requis pour mener à bien son projet d’une nouvelle digue à Saint-Adolphe.

Jeff Anderson
Jeff Anderson

Le projet d’agrandissement de la digue de Saint-Adolphe ne verra pas le jour, parce que la Municipalité rurale de Ritchot n’a pas pu négocier une entente avec les propriétaires, dont les terrains étaient indispensables au projet.

C’est, du moins, ce qu’affirme le préfet de la Municipalité rurale de Ritchot, Robert Stefaniuk, bien que la Province laisse sous-entendre qu’elle est toujours à la recherche d’une solution satisfaisante avec le gouvernement fédéral, qui est censé financer une partie du projet.

« Le gouvernement fédéral insistait pour que les travaux de construction soient entamés avant le 30 septembre 2015, explique Robert Stefaniuk. Pour y arriver, il aurait fallu avoir acheté les propriétés bien longtemps avant cette date limite d’Infrastructure Canada, qui finance une tranche du projet dans le cadre du Fonds Chantiers Canada. En janvier, lorsqu’il est devenu évident que nous n’allions pas pouvoir respecter l’échéancier, nous avons rapporté nos difficultés au fédéral et à la Province, en leur indiquant que nous estimions le projet mort-né. »

Se chiffrant à environ 6,7 millions $, le projet aurait permis d’ajouter quelque 400 acres de terrain à l’épreuve d’inondations à la communauté dortoir, située à 15 kilomètres au sud de Winnipeg. La Municipalité a déjà dépensé près de 300 000 $ pour arpenter les terrains requis et évaluer la condition du sol. En outre, elle risque de perdre les quelque 4,62 millions $ en octrois fédéraux et provinciaux déjà versés pour le projet.

« C’est une mauvaise situation, lance Robert Stefaniuk. Nous avons offert des sommes compétitives aux propriétaires, entre autres 2 900 $ de l’acre aux fermiers concernés, mais ils en voulaient plus. Et la Municipalité s’est engagée à ne pas avoir recours à des expropriations. »

Propriétaire d’un terrain aux abords de Saint-Adolphe, Jeff Anderson estime que l’échec du projet est « un pas en arrière pour la communauté ». « La Municipalité discute du projet depuis six ans et presque rien n’a été fait, souligne-t-il. Pourtant, elle avait en main un octroi fédéral important. Nos trois paliers gouvernementaux n’ont pas pu s’organiser.

« C’est frustrant, puisque nous avons besoin de plus d’espace pour le développement résidentiel, poursuit-il. De plus, Saint-Adolphe n’a pas d’espace vert à l’intérieur de la digue. J’aurais aimé voir le développement d’un parc municipal, possiblement à l’endroit où passent les oléoducs et où le développement résidentiel est impossible. »

La conseillère municipale de Saint-Adolphe, Jackie Hunt, se dit également déçue. « Dans certains cas, nous avons offert une somme fixe aux propriétaires, indique-t-elle. Dans d’autres, nous avons exigé une débenture, pour nous aider à financer le projet. Aucune des options n’a été acceptée. C’est dommage, puisque une digue agrandie aurait permis à Saint-Adolphe de se développer davantage. »

Entre-temps, la Province indique qu’elle n’a pas abandonné la lutte. « La Province a mis de côté de l’argent pour financer ce projet, indique un porte-parole du cabinet provincial, Jean-Marc Prevost. Nous étudions présentement nos options pour faire avancer le projet. »

« Si la Province pouvait convaincre Infrastructure Canada de mettre de côté la date limite pour le commencement des travaux, le projet pourrait certainement revoir le jour, mentionne Robert Stefaniuk. Mais je doute que ce soit possible, parce que le fédéral nous a clairement indiqué, à plusieurs reprises, que la date butoir était une réalité non-négociable. »

Daniel BAHUAUD