La vie du célèbre leader politique sud-africain, Nelson Mandela, qui a servie d’exemple au monde entier de la réconciliation entre les peuples, sera racontée dans la toute première pièce de langue française à son sujet.

Ibrahima Diallo et Daouda Dembélé.
Ibrahima Diallo et Daouda Dembélé.

« Nelson Mandela était un rassembleur et un homme de paix, lance le dramaturge, Daouda Dembélé. En luttant pour la libération des noirs de l’Afrique du Sud, qui croulaient sous le joug de l’apartheid, il en est venu à comprendre que tous devaient être libérés du joug de leur haine et de leurs préjugés. »

D’où le désir de Daouda Dembélé d’écrire la pièce Rolihlahla Mandela, qui relate la vie du célèbre leader sud-africain, pièce qui sera par ailleurs présentée par la Troupe Ambigüe, les 5, 6 et 7 juin prochains.

« La sensibilité de Nelson Mandela rejoint la mienne, explique Daouda Dembélé. Dans mes pièces, j’ai beaucoup traité de l’intégration des peuples, et de l’importance de faire le pont entre les cultures. En fait, cette invitation à mieux comprendre les autres est le fil conducteur de toutes mes pièces. Je voudrais que nous ayons tous des rapports plus humains et plus authentiques. »

Ce désir d’authenticité rassembleuse s’étend même au choix des comédiens de la distribution. En effet, pour incarner l’ancien vice-président du Congrès national africain (ANC), Walter Sisulu, le metteur en scène a invité Mamadou Ka, le président de la Société franco-manitobaine (SFM). « C’est un de nos leaders politiques, rappelle Daouda Dembélé. Et pour Winnie Mandela, l’épouse de Nelson, j’ai invité la gestionnaire de l’Accueil francophone, Bintou Sacko, puisque son travail est axé sur l’intégration des nouveaux arrivants. »

Quant à Nelson Mandela lui-même, Daouda Dembélé a choisi l’ancien président de la SFM, et ancien doyen de la faculté des arts, des sciences et administration des affaires à l’Université de Saint-Boniface, Ibrahima Diallo. « C’est un rassembleur naturel, qui fait le pont entre les cultures dans presque toutes ses activités communautaires », souligne le metteur en scène.

Pour sa part, Ibrahima Diallo se dit « très touché, mais bien surpris » que le dramaturge ait pensé à lui. « Lorsque Daouda m’a parlé de sa pièce, je lui ai dit que c’était une excellente idée, raconte-t-il. Après tout, Mandela a réussi à faire l’unification de l’Afrique du Sud, sans trop de dégâts. Quant à camper Nelson Mandela, c’était autre chose. J’ai dit à Daouda, « C’est malade! Je n’ai jamais fait de théâtre! » Mais Daouda m’a rassuré. Il ne voulait pas que j’imite Mandela. L’important, c’est de communiquer son idéal, c’est-à-dire les idées qui ont conduit l’Afrique du Sud vers l’équilibre.

« Par ailleurs, je ne serai pas le seul à incarner Mandela, puisque dans Rolihlahla Mandela, on nous présente Mandela enfant, Mandela jeune adulte et Mandela, le leader politique, poursuit-il. C’est celui que je camperai, ce qui me plaît. J’adore les dialogues de la pièce, ainsi que les grands discours de Mandela. On ne peut les entendre, ou les réciter, sans frémir. Et j’admire l’homme, qui est une personnalité à dimension planétaire. Mandela représente ce que l’Afrique a de mieux. En Afrique, jusqu’aujourd’hui, on voit de la guerre et de la violence. Or Mandela a su tirer son pays d’un passé qui n’était pas très flatteur. Il a réussi à réunir les blancs et les noirs. Il avait des idées de la gauche politique, mais son humanisme a pris le dessus sur son militantisme idéologique. »

Daouda Dembélé espère que Rolihlahla Mandela permettra à tous les Franco-Manitobains, les jeunes en particulier, de s’intéresser davantage à tisser des liens avec les nouveaux arrivants. « Le vécu de Mandela pourrait les aider à mieux comprendre le vécu des immigrants africains, qui sont maintenant leurs voisins, propose-t-il. En effet, les liens entre la francophonie et l’Afrique sont très étroits, étant donné le nombre de pays africains qui sont membres de la francophonie internationale. Et dans le cas de Mandela, ce que peu de gens savent, c’est que c’est vers la francophonie africaine que le leader sud-africain s’est tourné, lorsque les portes du Commonwealth anglais lui étaient fermées. Et c’est pour cela que j’ai voulu écrire Rolihlahla Mandela en français. En effet, c’est la toute première pièce de théâtre portant sur Mandela écrite en français du monde entier. J’en suis fier, et je travaille présentement à ce qu’elle soit publiée. »

(1) La pièce Rolihlahla Mandela sera présentée les 5, 6 et 7 juin prochains à 20 h à la salle Martial-Caron de l’Université de Saint-Boniface. Billets : 20 $ (adultes), 15 $ (6 à 18 ans), disponibles au (204) 296-4484.

Daniel BAHUAUD