Malgré des difficultés presque insurmontables, y compris le silence apparent de Dieu, la fondatrice de la Maison Shalom, au Burundi, Marguerite Barankitse n’a jamais perdu sa foi chrétienne.
Le 25 octobre 1993, en plein guerre civile burundaise, Marguerite Barankitse a commencé à abriter et à nourrir 25 enfants. Il s’agissait d’une des plus terribles journées du conflit, entre les Hutu et les Tutsi, et la Burundaise a failli mourir sous les coups de machette hutue.
Vingt ans plus tard, l’orphelinat qu’elle a fondé, la Maison Shalom, a porté secours à plus de 20 000 orphelins de la guerre, enfants atteints du SIDA, enfants de la rue, sans parler de bébés nés en prison ou ceux issus de parents indigents. Les 30 et 31 mai prochains, Marguerite Barankitse sera l’invitée spéciale du Rassemblement diocésain de Saint-Boniface. S’adressant le 30 mai à des jeunes et des jeunes adultes, ainsi que le 31 mai lors de plusieurs conférences en français et en anglais, la Burundaise abordera le thème Être témoins de l’amour et de la miséricorde de Dieu. (1)
Pour Marguerite Barankitse, témoigner de sa foi chrétienne « est une grande joie ». Or ce n’est pas forcément chose facile. « Je suis tombée dans le découragement à maintes reprises en établissant la Maison Shalom, confie-t-elle. Mon pays a connu 40 ans de guerre. Chaque jour, on m’amenait de nouveaux bébés, dont plusieurs étaient mourants. Chaque jour, il fallait enterrer de nouveaux petits corps. J’essayais d’obtenir de l’aide, et on me la refusait. Même ma famille me disait qu’il vaudrait mieux abandonner.
« J’ai connu le doute et l’aridité spirituelle, poursuit-elle. Je me sentais loin de Dieu, bien que je continuais de travailler et de souhaiter que sa volonté soit faite. N’empêche que je me sentais trahie par les Burundais, dont 80 % sont chrétiens. Et j’ai lancé ma part d’imprécations à Dieu. Certains trouvent cela choquant, mais la Bible nous a déjà fourni toutes les paroles requises pour exprimer sa frustration dans l’épreuve. J’ai lu le Livre des lamentations, ainsi que celui de Job, qui racontent la confusion humaine devant le mal. Et cela m’a permis de retrouver ma sérénité.
« De plus, je me suis donnée la permission de ne pas être parfaite, poursuit-elle. En avouant que je ne pouvais pas tout faire toute seule, je me suis laissée porter par la main de Dieu. Un jour, le déclic s’est fait, et je me suis soudainement ressentie plus près de Dieu. Ce sens de sa présence m’a permis de continuer mon travail, tout en luttant contre la grégarité de la violence au Burundi. Je suis Tutsi. Et certains Tutsis me reprochaient de soigner les Hutus. Ma réponse était de leur rappeler que les Hutus sont enfants de Dieu, et que la Terre entière doit être partagée. »
(1) Renseignements : (204) 233-ALLÔ (2556).