Comédienne, metteure en scène et dramaturge au Cercle Molière depuis près de 40 ans, Irène Mahé est avant tout connue pour avoir misé sur la jeunesse, contribuant ainsi à la relève théâtrale franco-manitobaine.

Irène Mahé.
Irène Mahé.

Une présence de taille au Cercle Molière depuis 1964, la directrice du Théâtre du Grand Cercle, Irène Mahé prend sa retraite.

« Il était temps, lance Irène Mahé. Quand on s’affaire à la production théâtrale, on ne fait pas du 9 à 5. Souvent, la journée est commencée au bureau et finit tard au théâtre. Ça use. Cette année, les vacances d’été seront bien méritées. Il n’empêche que rendue en septembre, le Cercle Molière me manquera énormément. Je le sais déjà, car je suis très fière des mes 39 ans de service à la troupe. »

Irène Mahé a fait ses débuts au Cercle Molière en 1964, comme comédienne dans Les Bergers de Félix Leclerc, alors qu’elle était encore élève au secondaire. « J’avais 14 ans ans, raconte-t-elle. J’ai eu la piqûre du théâtre à un jeune âge. C’est peut-être pour cela que j’ai toujours misé sur la jeunesse. J’ai beau avoir été comédienne, couturière, metteure en scène et dramaturge, le désir de produire du théâtre de qualité pour les jeunes a toujours été présent chez moi. »

En 1986, Irène Mahé a mis sur pied le Théâtre du Grand Cercle, la troupe pour jeunes publics du Cercle Molière, dans le but d’encourager la dramaturgie locale et de développer un théâtre franco-manitobain pour un public scolaire.

« On a monté des spectacles, en alternant des pièces pour les jeunes de la 1re à la 6e année à des pièces pour adolescents, explique-t-elle. Dès la première année, la réaction des enseignants, surtout ceux du français de base, était des plus positives. En effet, faire du théâtre pour un public de jeunes anglophones n’était pas sans défis. Pour un grand nombre de petits, il s’agissait du tout premier contact avec des Canadiens-français. Lorsqu’on s’est mis à en faire régulièrement, dans le cadre du projet De Bouche à oreille, on s’est aperçu que le vocabulaire devait être basique. Et pour assurer la communication, il fallait avoir recours à beaucoup de répétitions, sans parler de gestes très gros et comiques. »

En 2001, Irène Mahé a mis en œuvre Récits et chansons, projet qui a permis de faire connaître aux jeunes les auteurs et auteurs-compositeurs-interprètes francophones du Manitoba et de l’Ouest canadien. « Le projet s’adressait aux élèves de la 7e à la 12e année, souligne-t-elle. On incitait les jeunes à la lecture et à la découverte en présentant des extraits dramatiques de pièces, qui se terminaient à un point excitant et qui laissaient les élèves en suspense. »

Irène Mahé a également fondé, en 2001, la Petite école de théâtre du Cercle Molière, qui offre des cours pour enfants. Pour cette contribution, et bien d’autres encore à la vie culturelle de la communauté, la Franco-Manitobaine a été décorée de l’Ordre des Francophones d’Amérique, ainsi que la Médaille du jubilé de diamant de la reine Elizabeth II.

« Si on réussit à communiquer notre engouement pour le théâtre aux jeunes, on leur ouvre toutes sortes de portes culturelles, affirme Irène Mahé. Des portes qui s’ouvrent sur un amour de la langue, ou encore des planches et de la mise en scène. Pour cela, je crois avoir contribué à la relève théâtrale au Manitoba français. Tout au moins, j’aurai formé des passionnés de théâtre. Ce qui n’est pas mal, parce que notre relève a besoin d’un public! »

Daniel BAHUAUD