À vous la parole
La Liberté – septembre 2014

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Un grand merci aux Bonnes Sœurs

Madame la rédactrice,

En hommage à la communauté des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie à l’occasion du 140e anniversaire de la fondation de leur congrégation.

Je suis une personne capable d’affirmer que rien ne surpasse la force d’un témoignage exprimé en vérité. Car il crée un puissant lien de solidarité.

Tout dernièrement, j’ai été impliqué dans un accident de voiture. Les deux voitures ont été complètement détruites et, heureusement, rien de très grave n’a été à déplorer. J’ai été ravi que des personnes du quartier se soient volontairement présentées pour témoigner en ma faveur.

Voilà 50 ans, les enfants de Ti-Bob et Marie-Claire Sabourin se retrouvaient comme d’habitude autour de la table familiale sur l’heure du midi. Normalement, nous étions neuf à manger ensemble. Mais cette journée-là, nous étions seulement huit, car maman était malade à l’hôpital.

Toutefois, nous avons quand même pu remplir nos ventres, car la communauté des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie nous avait préparé un succulent  macaroni au fromage.

Quelques années plus tard, alors que j’étais aux études post-secondaires et que mes finances étaient limitées, je me préparais souvent le fameux Kraft Diner au macaroni et au fromage. Tout en mangeant ce repas sans prétentions culinaires, je repensais et réfléchissais bien des fois au merveilleux macaroni agrémenté de fromage que les Sœurs nous avaient si généreusement offert.

Leur élan de solidarité me réchauffait à chaque fois le cœur, car je sentais bien qu’il exprimait un sentiment communautaire. Oui, sans nul doute, les Sœurs faisaient partie du tissu de la communauté locale de Saint-Jean-Baptiste et veillaient à l’irriguer à leur façon grâce à leurs gestes d’amour, grands et petits.

Jusqu’à la fin de mes jours, je garderai une profonde reconnaissance de leurs bonnes œuvres. Elles n’ont pas fait qu’enseigner, les chères Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie.

 Maurice Sabourin | Saint-Boniface (Manitoba) | Le 24 août 2014

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Susciter la réflexion

Madame la rédactrice,

J’aimerais d’abord remercier La Liberté de publier la Chronique religieuse, car celle-ci peut être une véritable source d’inspiration et de réflexion spirituelle pour vos lecteurs grâce à la variété des sujets abordés par vos différents chroniqueurs.

C’est pour cela que je trouve les propos de Marcien Ferland (La Liberté, 20 août 2014) décevants et mal placés. Ce dernier critique la comparaison proposée par Monique Couture sur le mystère de la Trinité (La Liberté, 30 juillet 2014) et en propose une autre qui, selon lui, est plus « juste », soit les trois lobes de la feuille de trèfle.

À mon avis, l’objectif de la chronique religieuse n’est pas d’offrir des réponses concrètes et attestées sur divers sujets religieux ou spirituels, mais plutôt d’inspirer vos lecteurs dans leur croissance spirituelle. Peut-être la comparaison de Mme Couture a-t-elle réussi à faire réfléchir vos lecteurs à ce que représente la Trinité pour eux, et si tel est le cas, la chronique est donc réussie et ne mérite pas d’être aussi sévèrement critiquée. La Trinité demeure, avant tout, un mystère divin que nul être humain sur terre ne réussira à comprendre, encore moins à exprimer avec des mots. Nous ne pouvons qu’essayer de l’imaginer en des termes qui nous parlent, à chacun d’entre nous.

Donc, en tant que chrétiens, ne vaudrait-il pas mieux de travailler ensemble à faire rayonner le message d’amour de Jésus plutôt que de passer notre temps à se critiquer les uns et les autres sur l’interprétation de mystères divins? À vous, chers lecteurs, d’y réfléchir.

Julie Plamondon | Ottawa (Ontario) | Le 9 septembre 2014

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Réponse à M. Ferland

Madame la rédactrice,

Dans sa lettre à l’éditeur, Une comparaison qui ne tient pas la route, du 20 au 26 août dernier, M. Ferland s’inquiète de la précision du contenu de la Chronique religieuse sur la Sainte Trinité parue dans l’édition précédente.

Je concède qu’on ne peut pas dire n’importe quand on parle de Dieu mais je constate aussi qu’un mot comme « consubstantiel », bien qu’il soit théologique n’est pas vraiment compris par l’ensemble des catholiques et surtout ne réussit pas très bien à nous rapprocher de Dieu, ce qui est l’essentiel. Ce sont les images et les expériences concrètes qui nous rejoignent le plus et non pas les définitions.

À mon sens, ce n’est pas la définition du mot symphonie que donnent le Larousse et le Robert qui va me faire connaître et surtout apprécier une symphonie. C’est l’expérience concrète de l’écouter et de me laisser envoûter par sa beauté et par les images et les émotions qu’elle peut provoquer en moi. C’est seulement, une fois cette expérience vécue, que je pourrai développer le goût d’en approfondir toute la richesse et la profondeur, comme le fait si professionnellement M. Ferland lui-même.

Depuis des âges, philosophes et théologiens ont tenté de définir Dieu et ont plus ou moins bien réussi. Surtout, ce ne sont pas eux qui ont le mieux réussi à favoriser la rencontre de Dieu. Au contraire, ce sont ceux et celles qui ont pris le temps d’écouter attentivement la symphonie de Dieu et d’en découvrir la beauté et la portée essentielle pour l’être humain. La démarche première de Dieu, selon la Bible, a été d’entrer en relation avec les humains, encore mieux, d’entrer en communion, en union avec l’humanité.

Lorsque l’auteur de l’article sur la Trinité nous parle de Dieu en terme d’océan, de marée et de plage, je n’ai pas l’impression qu’elle tente de définir Dieu mais plutôt de créer une image, qui exprimerait une réalité beaucoup plus grande et complexe que ce que nos mots peuvent dire.

Le petit enfant qui présente un bouquet de pissenlits à sa maman tout en lui disant, Je t’aime maman crée chez elle une joie profonde. Ce petit n’exprime-t-il pas alors, de façon imagée, quelque chose de la maternité, de la paternité et de la filiation qui est plus riche que la meilleure définition de Larousse ou de Robert? En un mot, il exprime de façon vive la nécessité et la joie de la relation.

En 1996, je participais à une rencontre de famille. Un petit-neveu âgé de quatre ans qui devait s’éloigner momentanément du groupe que nous formions et qui ressentait sans doute une certaine angoisse à l’idée de s’éloigner seul, a demandé à sa maman pour que je l’accompagne. Bien sûr, j’ai accepté avec grande joie. En chemin, il s’est arrêté pour regarder dans le gravier, après quelques instants, il s’est redressé en tenant dans ses mains deux petits cailloux qui à ses yeux d’enfant étaient particulièrement jolis. Il me les a remis en disant, Parce que tu es gentil!

De retour avec le groupe, je leur ai discrètement fait part de l’incident. Quelque temps après, sa grand maman a trouvé dans une boutique un petit plat sur lequel était écrit, Le plus gentil. Bien sûr, elle l’a aussitôt acheté pour me le remettre. Depuis 1996, les deux petits cailloux précieusement conservés y ont trouvé leur écrin. Pour moi, ils sont beaucoup plus précieux que des perles rares ou des diamants. Devant la simplicité et la grande beauté du geste de cet enfant, ce jour-là, j’ai compris quelque chose de plus sur la richesse de la relation humaine. Un enfant m’avait enseigné en un bref instant à apprécier au moins une phrase musicale de la symphonie de la relation.

Et pour terminer. En 2008, j’ai eu le privilège de passer trois mois en Israël. Le jour de mon retour, j’étais à l’aéroport de Tel Aviv, vers 4 h 30 du matin, en train de prendre un croissant   et un café avant le départ. Tout à coup j’entendis une petite fille d’environ cinq ans qui debout devant son père insistait, comme font tous les enfants, pour obtenir son attention. Après quelques exclamations de sa part, j’ai réalisé qu’elle criait : Abba! Abba! ce qui en hébreu veut dire Papa! Papa! et non pas Av ou Avi, c’est-à-dire, Père ou Mon père. Elle utilisait le mot familier qu’utilisent les enfants en s’adressant à leur père : papa, dad. C’est à ce moment-là que j’ai saisi l’essentiel de tout l’Ancien et du Nouveau Testament, non pas dans la définition d’un dictionnaire théologique ou exégétique ni dans un enseignement chevronné mais bien dans le cri confiant d’une enfant, le cri de la relation confiante, de la communion. Abba! Papa!

Camille Légaré csv | Saint-Boniface (Manitoba) | Le 11 septembre 2014