Dans moins de deux semaines, le 13 février prochain, la Cour suprême du Canada entendra la Cause Caron. Pour les Albertains, ce sera leur ultime chance de voir le caractère bilingue de leur province enfin restauré, grâce à la détermination d’un homme et de ses conseillers juridiques qui se battront pour faire entendre que dresser une contravention unilingue anglaise et ne pas accorder le droit de se défendre en français contrevient aux droits intrinsèques des Franco-Albertains.

Le message qu’enverra la Cour suprême du Canada quand elle rendra sa décision dans l’Affaire Caron sera des plus significatifs et des plus symboliques, non seulement sur la véritable place accordée à la dualité linguistique dans notre pays, mais surtout sur la valeur fondamentale d’un pacte moral passé avec les populations métisses francophones des Terres de Rupert lors de leur annexion par le Canada à la fin de 1869.

C’est aussi un message important qui sera envoyé aux Métis francophones sur le sérieux de l’engagement du gouvernement Macdonald envers ceux qui, dans les années 1860, formaient encore la majorité de la population des Prairies.

Est-ce que le pacte passé par le gouvernement du Canada était un simple subterfuge pour faire plier les résistants et se faire annexer docilement, ou bien le Canada avait-il déjà compris la valeur infaillible d’un contrat moral?

À l’issue des audiences à Ottawa, la Cour suprême cautionnera-t-elle l’attitude de colons-colonisateurs que pouvaient avoir certains membres du gouvernement Macdonald, ou bien validera-t-elle la sincérité d’un pacte qui avait accordé aux Métis francophones de garder ce qu’ils avaient de plus cher?

En tout cas, le message qui sera envoyé par la Cour suprême dans sa décision sera pas mal clair, merci!

Au Manitoba, les amis de la dualité linguistique seront dans l’attente fébrile de voir si ce même pacte moral qui avait été honoré par la Cour suprême dans l’Affaire Forest en 1979 sera de nouveau respecté en Alberta.

Le vendredi 13 février 2015, les Franco-Manitobains seront en pleines célébrations d’un festival hivernal, le Festival du Voyageur, mis sur pied par le Métis Georges Forest. Celui-là même qui a tant contribué à normaliser le fait français au Manitoba, grâce à son courage et sa détermination en se battant, comme Gilles Caron, jusqu’à la Cour suprême pour avoir le droit d’utiliser le français en cour de justice, et dont l’argumentaire se basait sur des prémisses semblables à celles du Franco-Albertain.

Pour les superstitieux, on pourrait croire que les étoiles s’alignent pour que Georges, du haut du Ciel, veille sur Gilles en ce vendredi 13 février, jour de l’audience à la Cour suprême et premier jour du Festival du Voyageur.

Chers amis Albertains, défenseurs de la dualité linguistique et détenteurs d’une conscience morale, nous serons de tout cœur avec vous dans les prochaines semaines pour voir aboutir une justice digne de ce nom au Canada.

Sophie GAULIN