À vous la parole
La Liberté – juillet 2015

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Au Canada?!

Monsieur le rédacteur,

L’éditorial du 24 juin, « Pourquoi la Saint-Jean est chose du passé », évoque les origines de la fête de la Saint-Jean, et le lien étroit qui s’y est longtemps manifesté entre langue et foi. La Société Saint-Jean-Baptiste retrace ses origines à la première St-Jean en 1834 à Montréal. À cette occasion, George-Étienne Cartier a chanté Ô Canada! Mon pays, mes amours, utilisant un texte qu’il avait écrit lui-même. Un des ‘pères de la Confédération’, cet homme d’État participera, en 1870, aux négociations qui devaient aboutir à la création du Manitoba. C’est cette même Société Saint-Jean-Baptiste qui a donné naissance à l’hymne national…du Canada. Partant d’une mélodie composée par Calixa Lavallée, le juge Adolphe-Basile Routhier a composé quatre strophes fort patriotiques et remplies de ferveur religieuse. Ce nouvel ‘hymne national’ a été interprété à la fête de la Saint-Jean le 24 juin 1880. Il reflète fort bien l’atmosphère et la culture de l’époque. On y trouvera, entre autres envolées, le Canadien ‘sous l’œil de Dieu, près du fleuve géant…’ La Saint-Jean? La fête nationale du Québec? Je me souviens? Peut-être a-t-on tout oublié. Ce sont deux Canadiens français du Québec (deux Québécois?) qui ont créé l’hymne national du Canada, à l’occasion de la grande fête du 24 juin organisée par la Société Saint-Jean-Baptiste. Chose certaine, au Canada, nous avons – consciemment ou non – tout un sens de l’ironie! En cet ancien Dominion Day, God save the Queen!

Michel Lagacé Le 28 juin 2015

 

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Lettre ouverte à la communauté africaine du Manitoba

Africaines, Africains, écoutons cette petite histoire issue de notre tradition orale. Pourrait-elle nous suggérer la suite du message qui suit?

Les hommes, les femmes et les enfants ont quitté leurs terres et leurs pays à la recherche d’une vie meilleure. Embarqués sur un bateau, leur périple commence. Quelques semaines après, en haute mer, l’équipage perd le contrôle et navigue à vue. Nos voyageurs ne savent plus d’où ils viennent, où ils sont ni où ils vont. Les provisions s’amenuisent. Par hasard, le capitaine aperçoit une île non loin. Il se dirige vers là-bas, accoste et débarque avec son équipage et ses passagers. Urgence, disent-ils, cultivons notre jardin. Mais le sol est très aride. Et dans un élan de solidarité, les explorateurs décident de faire le tour de l’île, lequel ne sera pas vain. Ils y découvrent une oasis très fertile, irriguée par deux sources d’eau. Ils s’y installent, s’y réorganisent, y produisent, s’y reproduisent et y fondent un empire.

Notre communauté (africaine) a besoin d’être repensée. Nous nous devons de réfléchir sur un projet de société fondé sur une solidarité agissante, une solidarité en tant que « réalité réellement réelle », favorisant et facilitant une intégration effective de ses membres et une reproduction élargie de son système communautaire. Pour réaliser un tel progrès social, trois conditions fondamentales sont nécessaires :

Développer une conscience collective de notre condition, susciter une volonté commune du changement et, enfin, développer les sens d’initiative, de responsabilité et d’organisation. 

Ces dispositions font strictement appel aux principes éthiques, moraux et, à un haut niveau d’entendement, l’honnêteté, la franchise et la transparence entre les membres. En réalité, le fonctionnement du système communautaire africain actuel au Manitoba a besoin d’être renforcé et de recentrer son action. Pour l’instant, il présente quelques faiblesses, parmi lesquelles :

• Absence d’une dynamique de groupe

Évoluant en vase clos, chacun compte sur ses atouts individuels, lesquels sont presqu’inopérants dans le contexte actuel du marché du travail. C’est une vraie corvée que d’être devant un ordinateur matin, midi, soir, durant des jours, des semaines, des mois et des années en vain. L’absence de communication interactive, de convivialité, les rivalités entre les sous-groupes ethniques, les égoïsmes, etc., sont non seulement une entrave à notre processus d’intégration sociale, mais aussi constituent une limite à nos possibilités d’emploi. Il faut d’emblée retenir que le marché du travail n’est pas la seule source d’opportunités. C’est pourquoi développer une capacité d’auto-réalisation en mettant ensemble nos moyens de tout ordre de manière efficace et efficiente est une éventualité à ne pas négliger.

 

• De l’attentisme et de l’assistanat

Notre manque d’initiative gèle nos efforts d’autonomisation et nous expose à la dépendance, qui finit par s’imposer à nous comme un mode de vie. Elle nous conduit tous les jours vers des programmes d’aide : aide sociale au logement, aide à l’emploi et au revenu, aide aux personnes âgées. Ces programmes, certes, nous apportent à nous et à nos familles un soutien notable et contribuent à la satisfaction de certains de nos besoins alimentaires et élémentaires. Mais, ils ne donnent aucune marge de manœuvre à notre processus d’autonomisation. Ils ne sont qu’un soutien d’appoint. Nous devons plutôt en faire un facteur de motivation à la recherche effrénée de notre stabilité.

Notons par ailleurs que les pouvoirs publics ne sont pas les seuls pourvoyeurs d’emplois. Penser ainsi est un signe d’immaturité. Les institutions en général sont limitées dans leur processus de reproduction et de fonctionnement. Il faut comprendre que ces dernières sont gérées par des hommes, eux-mêmes à la recherche permanente de l’équilibre. Ainsi, qu’elles soient privées ou publiques, elles sont ce que les hommes veulent qu’elles soient. Elles ne sont alors pas parfaites, elles sont plutôt dans un état de déséquilibre stable. Cette présentation de la faiblesse naturelle de l’organe institutionnel sert à interpeller les membres de notre communauté à adopter un esprit d’indépendance économique, à faire un effort d’autonomie et aussi à leur faire comprendre que les institutions de la cité sont aussi faillibles et dotées de faiblesses objectives. C’est ce qui explique les déficits et les crises.

Nous devons désormais prendre conscience de nos atouts. Ils ont fait leurs preuves sous d’autres cieux : nos expériences professionnelles, nos acquis académiques, notre savoir-faire et notre savoir être sont notre premier capital. La province du Manitoba offre d’énormes possibilités économiques, tous secteurs confondus. Ayons le courage de prendre la bonne décision. Celle de nous constituer en communauté d’actions, d’engager ces actions dans le champ de l’entrepreneuriat comme toutes les autres communautés qui ont réussi à s’implanter dignement en préservant l’intérêt général de leur coexistence. Gardons définitivement présent à l’esprit le fait que la protection de l’intérêt général est le meilleur moyen de protéger l’intérêt privé et non l’inverse.

Une chose est claire

Nous ne serons respectés dans notre pays d’accueil que quand nous deviendrons des acteurs de son système économique en contribuant effectivement au processus de création des richesses dans son économie. C’est-à-dire en participant à la formation de la valeur ajoutée dans son cadre macro-économique. Nous n’aurons jamais de place dans cette société en nous alignant sur les politiques de la main tendue. Nous n’imposons aucun respect à la communauté d’accueil et nous ne sommes pas respectés. C’est la source de nos malheurs. Et sur eux, nous devons nous en prendre à nous-mêmes. Ne nous décourageons pas par des actes d’exclusion et de discrimination. Il y a des peuples qui ont vécu et qui ont réussi dans cette adversité.

Nous sommes capables du meilleur. Il faut juste nous accepter les uns les autres et accepter de mettre nos efforts ensemble dans une fraternité agissante.

La communauté africaine doit se doter d’une vision et d’un nouveau projet de société communautaire. Que nous soyons des ennemis entre nous, qu’il y ait de plus riches et de plus pauvres parmi nous, qu’il y ait de plus instruits, de moins instruits, voire de non instruits au milieu de nous, essayons de nous tenir tous la main dans la main pour l’intérêt de tous et de chacun. Chaque Africain est l’image de l’autre. Nous sommes foncièrement frères et sœurs. C’est-à-dire, chaque Africain, quelle que soit son origine nationale, n’est qu’une version de l’autre.

Ne perdons pas notre estime de soi. Le chômage n’est pas une maladie chronique. Il ne doit pas nous aliter ou nous faire perdre de vue ce que nous sommes, ni les valeurs que nous incarnons : dignité et hospitalité. Ce sont ces valeurs qui nous ont moulés, qui nous ont donné la force et le courage d’étudier avec succès dans des conditions les plus difficiles, sous des lampes-tempêtes ou sous les lumières publiques en bordure des rues. Toutes ces souffrances qui ont caractérisé notre enfance devraient être un facteur de motivation à un dépassement de soi et permettre aujourd’hui, dans un contexte où tout effort a un prix, de rééditer les mêmes exploits que ceux d’antan, à l’époque des âges fragiles.

Nous sommes capables de relever ce défi si nous nous fions à la sagesse africaine selon laquelle une seule main n’attache pas le paquet. Nous avons besoin de tous nos frères et de toutes nos sœurs, que vous soyez en situation de stabilité ou d’instabilité. Une fois encore, donnons-nous la main et bâtissons notre empire dans cette démocratie. Les communautés qui l’ont fait et qui ont réussi avaient moins d’atouts que nous. Rappelons-nous cette célèbre phrase d’Albert Camus dans LES NOCES, 1938 : IL Y A DE LA HONTE À VIVRE HEUREUX TOUT SEUL, ou même cette morale des fables de Jean de la Fontaine : ON A SOUVENT BESOIN D’UN PLUS PETIT QUE SOIT.

Nous africains

Au moment où les autres communautés se consolident, avancent ensemble et occupent l’espace socio-économique et politique, nous Africains, nous faisons de notre communauté un champ de bataille où l’ennemi est son propre frère ou sa propre sœur. Dans ce champ, qu’est-ce qui peut pousser? Pas une seule herbe. Notre communauté au Manitoba est un désert économique. C’est pourquoi nous n’avons rien à proposer à la société d’accueil. Parce que nous passons le temps à nous détruire entre nous. Comment voulons-nous être respectés? Si le Manitoba nous posait la question aujourd’hui, en tant que communauté africaine, qu’est-ce que nous avons à lui proposer pour son développement, quelle sera notre réponse? Je n’en vois aucune de valable. Nous sommes de la minorité visible. Pourtant nous sommes les plus invisibles. Nous ne comptons pas. Nous devons aménager un espace d’identification et de rassemblement pour un nouveau départ. Un départ définitif.

Cet espace qui se voudrait culturel sera le laboratoire économique des activités génératrices de revenus.

Voici quelques activités à proposer dans le cadre du fonctionnement de notre espace culturel : danses et chorégraphies africaines, langues et histoire africaines, tresses et soins de beauté africains, cuisines africaines, foires de la gastronomie africaine, musiques africaines (instruments), camps d’été spécialisés pour la jeunesse africaine du Manitoba, jeux de société africaine, garderies et jeune enfance, distribution des vivres, arbre à palabres, concerts de musiques africaines, foire des arts et de la culture africaine, partenariat linguistique et ateliers des langues officielles du Canada, journée d’amitié et de fraternité des communautés africaines du Manitoba, évènements culturels de masse (défilé africain du 1er juillet à Winnipeg), joies et peines, radio communautaire, école mixte de soccer.

Chacun de ces domaines d’actions sera planifié, organisé, administré, suivi, évalué et contrôlé pour assurer la crédibilité de notre organisation.

Emmanuel Kaldjob Le 22 juin 2015

 

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Longue vie à Cayouche

Monsieur le rédacteur,

Quel magnifique cahier spécial vous avez concocté dans le numéro paru le 24 juin concernant notre Cayouche, alias Réal Bérard!!

Je vous félicite et je souhaite longue vie à Cayouche!

Il ne peut pas prendre de retraite, on a trop besoin de lui pour notre réflexion, notre diversion et pour notre compréhension de la vie franco-manitobaine.

Bravo au journal et à notre vieux Joual! Amicalement

Cécile Mulaire Le 24 juin 2015

 

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Les explications de la sénatrice Chaput

Monsieur le rédacteur,

Avec la fin annoncée de la session parlementaire et le déclenchement anticipé d’une campagne électorale fédérale, le projet de loi S-205, le troisième projet de loi que j’ai déposé afin de moderniser la partie IV de la Loi sur les langues officielles, meurt au Feuilleton. Ce projet de loi, si unanimement appuyé par les communautés de langue officielle en situation minoritaire, a été victime de l’hyper-partisannerie qui gruge le Sénat.

Entendons-nous bien : à titre de sénatrice, j’ai toujours été consciente que mes chances de faire passer ce projet de loi étaient très limitées. Or, le traitement réservé à S-205 relevait de l’affront. On a d’abord tenté d’empêcher son étude par un comité sénatorial. Ceci a duré pendant des mois. Ensuite, on a décidé que ce serait le Comité des finances nationales et non le Comité des langues officielles qui serait chargé de son étude. Le message derrière cette décision était très clair: le respect des droits linguistiques, c’est une question de sous, un irritant économique. Plus ça change…

S-205 a finalement été référé au Comité approprié, après plusieurs négociations. L’étude n’en a pas nécessairement été facilitée. Aucun ministre, par exemple, n’a voulu se présenter en Comité. C’est un manque de respect envers le Sénat et envers la dualité linguistique de notre pays. Malgré tout, le débat a été fort intéressant, enrichi par les questions pointues des sénateurs et des réponses détaillées des 33 témoins qui ont participé à l’étude, lors de dix réunions. Le Comité a entre autres entendu le témoignage du Commissaire aux langues officielles, d’experts, de représentants communautaires, de chefs de sociétés d’État et de certains fonctionnaires.

Grâce au leadership de l’honorable sénatrice Claudette Tardif, présidente du Comité, nous avons pu compléter notre étude à temps, malgré le chemin semé d’embûches. Pourtant, le Comité n’a finalement pas voté sur S-205. Alors que le vote devait avoir lieu lors de notre dernière réunion du 22 juin, la majorité conservatrice au sein du comité a préféré tout simplement annuler cette réunion. Ça leur a permis de ne pas voter contre un projet de loi qui avait un appui si important au sein des communautés de langue officielle en milieu minoritaire.

Cette façon de faire ne devrait plus avoir sa place dans la haute chambre du Parlement. On ne doit pas empêcher le débat public, et on ne doit pas trouver des moyens détournés pour éviter de se prononcer. Je comprends que le parti au pouvoir n’appuyait pas ce projet de loi, mais ne voulait pas non plus payer le prix de ce choix. Or, le travail de législateur c’est avant tout un travail nécessitant franchise, transparence et ouverture. J’ose croire que ceci est encore plus vrai du côté du Sénat, où les calculs partisans ne devraient pas – ou ne devraient plus – influencer notre travail.

S-205 a permis un débat très enrichissant au sujet de la modernisation de l’offre des services dans les deux langues officielles. C’est un dossier qui reviendra, et ce bien avant le prochain recensement en 2021. Espérons que nous aurons, à son retour, un Parlement qui l’accueillera dans un climat de respect et d’ouverture.

Maria Chaput, sénatrice (Manitoba) Le 7 juillet 2015

 

 

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Mini message à La Liberté

Ma chère Liberté,

Voici pour toi un mini message et des maxi mercis pour le râclage des prix au Gala annuel de l’Association de la presse francophone.

Ainsi donc encore une fois tu as remporté le Prix d’excellence. Il faut dire que tu as la chance d’avoir une fameuse de bonne équipe capable de nous rendre fiers de toi et fiers de nous!

Il est aussi vrai que toi, chère Liberté, tu possèdes le bon esprit pour faire travailler ensemble des personnes qui savent faire la preuve, semaine après semaine, d’une pleine gamme de ressources créatives.

Je n’en veux pour preuve que la fluidité qui traverse toutes tes pages et qui m’aide à saisir les nouvelles, les messages que tu portes en toi. Sans oublier les belles photos en couleur qui t’habillent. Et ce papier tout lisse qui est d’un de ces chics!

Je mentionnerai encore tes titres qui accrochent, tes rendez-vous qui se présentent d’une semaine à l’autre et qui arrivent de la sorte à créer une anticipation.

Chère Liberté, je ne suis évidemment sûrement pas la seule lectrice fidèle charmée par les liens appropriés que tu fais pour créer des enchaînements qui font que chez toi, tout se tienne de façon logique et intéressante.

Bravo à toute ton équipe! Son excellent travail est remarqué et c’est la communauté entière des francophones du Manitoba qui peut s’en péter les bretelles. Alors encore une fois : je dis chapeau à tous ceux qui te produisent de semaine en semaine. Et que tous les membres de ton personnel passent de belles vacances bien méritées.

Ta lectrice fidèle, qui te dit à bientôt!

Paulette E. Gosselin Saint-Malo Le 15 juillet 2015