Le Royal Winnipeg Ballet organise chaque année un concours de chorégraphie auquel sont invités à participer les membres de niveau avancé de la division professionnelle de son école de ballet. Cette année une douzaine de numéros très diversifiés ont été présentés qui ont permis d’apprécier autant l’esprit créateur des jeunes chorégraphes que le talent des danseurs en formation.

Les œuvres ont été présentées devant public du 9 au 11 février, et le 13 février lors de la soirée de remise des prix. Les membres du jury étaient Johanne Gingras, directrice du programme de formation de professeurs de ballet au RWB, Holly Harris, critique de ballet, Freya Björg Olafson, artiste multimédia de renommée internationale, le danseur James Phillips, diplômé de l’école du RWB, et la danseuse étoile Amanda Green, du RWB. L’originalité et la qualité des brefs numéros de ballet présentés au concours ont dû rendre la sélection des gagnants très difficile.

Le prix de l’École du Royal Winnipeg Ballet, pour la chorégraphie représentant le mieux le style artistique et l’esprit de l’école, a été remis à Erin Atkinson, pour Islands. Chorégraphié sur la chanson éponyme de Young the Giant, c’est un pas de deux émouvant de style contemporain-moderne évoquant un amant languissant pour sa bien-aimée, inatteignable dans la solitude de son ile. Il était dansé par Victoria Jenkins et Keaton Leier.

Tania Angelovski et Nathaniel Moore dans The Speed of Shadows de Nicolas Noguera
Tania Angelovski et Nathaniel Moore dans The Speed of Shadows de Nicolas Noguera (crédit photo : RWB)

Nicolas Noguera a gagné le premier prix pour l’originalité et le talent prometteur pour The Speed of Shadows, interprété avec grande émotion par Tania Angelovski et Nathaniel Moore, sur la chanson I Know It’s Over, du groupe The Smiths. Ce pas de deux évoque la déception d’un amour déçu qui ne fut qu’un rêve. Erin Atkinson, pour Island, a gagné le deuxième prix de cette catégorie et Jasmine Brown le troisième, pour Impedio, un autre pas de deux romantique sur la chanson Breathe Me, de Sia, évoquant cette fois une jeune femme au cœur brisé en quête de réconfort.

Le Prix Jacqueline Weber pour une chorégraphie classique a été attribué à Sydney Barber pour Passacaglia, sur le mouvement éponyme de Secret Garden du compositeur norvégien Rolf Lovland. Pas de six dansé avec beaucoup d’élégance, la chorégraphie évoquait une marche romantique au clair de lune.

Le prix du public, qui avait été invité à voter lors des représentations du 9 au 11 février, a été remis à Nicolas Noguera pour The Speed of Shadows.

I Deal de Nathaniel Moore
I Deal de Nathaniel Moore (crédit photo : RWB)

Les prix Paddy Stone Scholarship, pour la meilleure œuvre du genre jazz, claquette ou théâtre musical, et Doreen McDonald Wardrobe Scholarship, pour la meilleure mise en scène, ont été accordés à Nathaniel Moore, pour I-Deal. Ce fut la chorégraphie la plus originale, la plus audacieuse et la plus engagée présentée au concours. Dans un récit concis, clair et percutant, Nathaniel Moore dénonce le détournement d’un idéal politique démocratique par une minorité qui s’approprie le pouvoir pour asservir la population au service de ses intérêts personnels présentés comme ceux du pays. Dansé sur la musique du Star Spangled Banner, l’hymne national américain, le ballet commence par le ralliement enthousiaste de la population au projet qui lui est proposé. Le ralentissement progressif de la bande sonore crée une distorsion du son qui évoque avec de plus en plus de force la dégradation de l’idéal et l’établissement d’un régime dictatorial et asservissant. Pendant que les dominants montent l’échelle du pouvoir, les dominés courbent de plus en plus l’échine et tombent à genoux. Il y a dans cette brève chorégraphie l’esquisse d’un grand ballet que Nathaniel Moore pourra peut-être un jour réaliser.

Ce concours a constitué un spectacle très intéressant qui a confirmé la grande qualité de l’enseignement donné à l’École du RWB et le talent exceptionnel des artistes qui y sont en formation.