La Municipalité rurale de Taché est devenue membre, le 26 septembre dernier, de l’Association des municipalités bilingues du Manitoba (AMBM). Rien de plus naturel, aux dires du conseil municipal, de la corporation de développement de Lorette et de l’AMBM.

Par Daniel BAHUAUD

Pour Armand Poirier, le conseiller municipal de Lorette et membre du CA de l’AMBM, le règlement approuvé à sept contre un représente « une étape qui aurait dû être franchie il y a déjà très longtemps ».

Le Fransaskois originaire de Bellegarde fait part de son raisonnement : « Quand je me suis installé à Lorette en 1998,  j’étais étonné d’apprendre que la municipalité n’était pas bilingue.

” J’ai fait partie du groupe de résidents qui a poussé pour que le district urbain local de Lorette se joigne à l’AMBM. Ça s’est fait en 2002. La même année, j’ai joint le CA de l’AMBM.

« Un de mes objectifs, lorsqu’on m’a élu en 2014, était de proposer que toute la  municipalité fasse partie de l’AMBM. Après tout, la Municipalité de Taché a été fondée en 1880 par des francophones. Son sigle, à part la devise en latin (1), est en français. Le premier préfet était Elzéar Lagimodière. À cette époque, tout roulait en français. Alors à mon avis, ce n’est pas tellement qu’on intègre finalement le français, mais plutôt l’anglais!»

Yann Boissonneault, le président de la corporation de développement communautaire de Lorette, avait « la même mission » qu’Armand Poirier. « J’ai cru, moi aussi, que la municipalité était déjà bilingue quand je suis devenu président en 2015. Les avantages économiques, touristiques et culturels du bilinguisme me semblaient tellement évidents qu’à la mi juin, j’ai donné une présentation au conseil vantant la valeur ajoutée du français. Et l’appui de l’AMBM et de son conseil de développement économique,  qui fournissent des études de faisabilité, un service de traduction, etc. »

Louis Tétrault, le directeur général de l’AMBM, souligne que « la présentation solide et convaincante de Yann Boissonneault nous a permis à notre tour de rencontrer le conseil municipal de Taché ».

« C’était la quatrième fois depuis la création de l’AMBM, en 1995, qu’on a fait une présentation au conseil de Taché. Ce qui a changé, c’est que les conseillers élus en 2014 ont fait preuve d’écoute et de bonne volonté. De plus, même la direction est nouvelle. L’ancien administrateur unilingue anglophone, Dan Poersch, a pris sa retraite en 2015. Christine Hutlet, qui lui a succédé, est bilingue. Il y avait donc pour la première fois une convergence de personnes favorables à la bilinguisation de la municipalité.

« Un élément en notre faveur est le fait que la Municipalité a déjà beaucoup d’éléments bilingues en place. Son site web est dans les deux langues, beaucoup d’affiches à Lorette le sont. Et en décembre 2016, Taché s’est joint au Réseau des villes francophones et francophiles d’Amérique. On a donc expliqué à l’administration que tout ne devait pas forcément se faire du jour au lendemain. À titre d’exemple, lorsque les affiches unilingues anglaises devront être remplacées, c’est à ce moment-là que Taché pourra en installer des bilingues. »

Robert Rivard, le maire de la Municipalité de Taché, est « convaincu que le conseil lance un message fort ».

« La municipalité est en pleine croissance démographique. Nos communautés ont beaucoup de nouveaux résidents. Une bonne partie d’entre eux est composée de francophones de souche du Sud-Est de Winnipeg. De plus en plus, on a des nouveaux arrivants francophones qui cherchent à vivre chez nous. On veut qu’ils se sentent à l’aise.

« C’est important de rappeler aux nouveaux résidents anglophones que Taché a un patrimoine et un fond francophone bien vivants. Notre message est qu’il y a de la place pour tout le monde, mais que le français fait intégralement partie de notre communauté.»

 

(1) Fluctuat nec demergatur, soit « Agitée par les flots, elle ne sombre pas ».