La Gazette de Saint-Claude fête ses 50 ans. Une édition spéciale du journal bilingue a été publiée à cette occasion début novembre. Elle propose un regard en arrière sur un journal communautaire qui persévère, parce que la communauté tient à le faire vivre.

Par Gavin BOUTROY

Àtoutes les deux semaines, 1 000 copies de la Gazette sont distribuées à Saint-Claude, à Haywood, aux États-Unis, ou encore en France. Cette étonnante portée géographique témoigne de la vocation du journal : informer sur ce qui se passe à Saint-Claude.

Arthur Rey a fait partie du comité de la Gazette de 1978 jusqu’en 1983, quand il est devenu président de la publication, poste qu’il a occupé jusqu’en 1996.

« La semaine passée, un ancien de Saint-Claude est arrivé chez moi. Ça faisait 30 ans que je ne l’avais pas vu. Il habite ailleurs maintenant, mais il m’a dit : La Gazette, c’est le meilleur journal. C’est un moyen de se tenir au courant de tout ce qui se passe à Saint-Claude.

« Si certains se servent des médias sociaux pour annoncer les évènements, ou parler de la communauté, il y a quand même encore une demande pour le journal. »

John Quayle s’implique au sein de la Gazette depuis le début de sa transition au numérique, vers 1995. Originaire d’Angleterre, cet enseignant à la retraite, expert en graphisme, réside à Saint-Claude depuis 25 ans. C’est lui qui a été le rédacteur principal des 40 pages de l’édition spéciale du 50e anniversaire de La Gazette.

« On savait que La Gazette aurait 50 ans. Ma femme a reçu une édition spéciale semblable d’un journal du coin où elle habitait en Angleterre. Ça nous a inspiré, et on s’est lancé dans l’affaire.

« La Gazette, c’est une institution du village. Les gens sont vraiment enthousiastes. Petit à petit, ils ont commencé à écrire leurs propres articles. Maintenant, 70 à 75 % des textes de La Gazette nous sont envoyés. Ça implique toute la communauté dans la production du journal. »

Arthur Rey et John Quayle soulignent tous deux le dévouement de Renée-Marie Godard, rédactrice en chef du journal. John Quayle ajoute : « Elle sait tout faire. Le journal continue, et c’est grâce à l’énergie et l’enthousiasme de la rédactrice en chef, qui s’implique depuis 1998. »

Une politique éditoriale reste en place depuis les premiers jours de La Gazette : aucune controverse. Pour Arthur Rey, cela fait partie du rôle particulier d’un journal qui dessert une petite communauté.

« Depuis le début, on a mis en place une politique sur la controverse, avec M. Bazin. LaGazette ne publie aucun sujet controversé et ne publie pas de lettre à la rédaction. Dans une petite communauté, la controverse n’aurait pas de fin… « Tout ce qui est imprimé est factuel. Les choses les plus proches de la controverse que l’on publie, c’est des rapports de politiciens. »

L’ancien président du journal sourit en indiquant que La Gazette a déjà refusé des articles. Mais il ne tient pas à en préciser le contenu. « Les gens se reconnaîtraient! ».


Comment naît un journal

La première édition de La Gazette a été publiée le 10 mars 1967, fruit du travail de Louis Bazin. L’idée lui avait été donnée par sa fille, Lucienne Bazin, une enseignante dans la ville minière de Snow Lake. Elle avait vu le bulletin de nouvelles d’une compagnie minière, et en avait parlé à son père qui commençait alors sa retraite.

Louis Bazin fit l’acquisition d’un miméographe, appareil « mi-assiette de Jello, et mi-imprimante ». Cette méthode d’impression limitait le nombre de copies pouvant être produites, et la demande pour La Gazette augmentait.

C’est en 1975 que l’école a fait l’acquisition d’une Gestetner modèle #466, capable d’imprimer des centaines de copies. Louis Bazin a trouvé le moyen d’emprunter la machine pour la production du journal. En 1978, Louis Bazin convoque une réunion, dont Arthur Rey se souvient encore.

« En 1978, quand M. Bazin voulait arrêter, il n’était pas question d’arrêter le journal, mais de qui allait le continuer à sa place! ». Sous son leadership, La Gazette a augmenté sa distribution au point de devoir faire imprimer professionnellement le journal. Un abonnement d’un an au journal bimensuel coûte désormais 26,25 $.