Yvette Sorin connaît bien les jeunes enfants. Élevée dans une maison qui abritait une garderie familiale, elle s’occupe des jeunes de sa propre garderie. Travail qui, pour la mère de quatre enfants, est beaucoup plus qu’un simple emploi, mais une vocation.
Par Daniel BAHUAUD
Le 2 mai, le Premier ministre Trudeau a remis un Prix d’excellence en éducation de la petite enfance à Yvette Sorin, la propriétaire de la garderie Les p’tites crevettes d’Yvette.
Seulement 15 Canadiens était du groupe des lauréats, honorés pour leur leadership, leurs méthodes d’enseignement et leur engagement envers les enfants.
Émue, la Bonifacienne se dit « profondément touchée » par son Prix. « C’est une mère de la garderie qui a déposé ma candidature. J’en suis reconnaissante, bien que toute cette attention soit hors de ma zone de confort. Après tout, il y a beaucoup de garderies qui font un travail fantastique. Être éducatrice de la petite enfance, c’est du boulot souvent très exigeant. »
Pour Yvette Sorin, il s’agit toutefois d’une activité des plus naturelles.
« J’ai grandi entourée de jeunes enfants. Ma mère, Patricia Aquin, avait une garderie familiale. J’avais six mois quand elle l’a démarrée, et j’ai grandement bénéficié de son exemple. Petite, j’aimais beaucoup ça l’aider. Et à 12 ans, je gardais les enfants du quartier.
« Je me souciais des jeunes qui venaient chez nous et de ceux que je gardais. J’aimais voir les enfants grandir et réussir. Ma joie, c’était de les voir s’épanouir. Je crois que c’est la source de ma passion pour la petite enfance. »
C’est en 1999 qu’Yvette Sorin a ouvert Les p’tites crevettes d’Yvette. « J’ai cinq jeunes d’âge préscolaire et trois enfants d’âge scolaires. C’est une expérience extraordinaire, parce que j’ai pu voir grandir ‘mes’ enfants. L’an dernier, une fille a quitté la garderie après avoir passé 11 ans de sa vie sous mon toit. Je l’ai tenue dans mes bras alors qu’elle était bébé. Le dernier jour qu’elle a passé à la garderie était difficile, côté émotions. Je savais qu’elle me manquerait. Heureusement, je la vois encore de temps en temps. »
Yvette Sorin est convaincue que la garderie familiale est un milieu positif pour les enfants. « Les bénéfices pour la francisation sont évidents. Tout se passe en français. On joue, on bricole et surtout, on lit en français. De toutes les activités que je leur propose, les enfants aiment surtout la lecture. Ils sont des petites éponges qui absorbent du vocabulaire. Mes propres enfants, quand ils étaient petits, ont pu enrichir leur vocabulaire.
« J’aime l’ambiance décontractée d’une garderie familiale. On est un petit groupe. À part des activités que j’organise, les enfants ont le temps pour jouer de manière moins structurée. Et d’exercer leur créativité et leur imagination. De mon côté, je peux passer plus de temps de qualité avec chaque enfant.
« J’aime aussi le fait que les petits s’entraident. C’est extraordinaire de les voir coopérer, travailler ensemble, pour réaliser un projet de bricolage. Ou tout simplement pour compléter un petit casse-tête. Les plus vieux aident les plus jeunes. Tout le monde apprend l’entraide, la patience, l’écoute et l’empathie. »
Les p’tites crevette d’Yvette Sorin ont également droit à une variété de sorties. Les vendredis, ils se rendent au Mini-francofun, au Centre Notre-Dame. Au creux de l’hiver, ils se dégourdissent au Centre Winakwa en faisant des jeux de groupe.
« J’organise souvent des activités avec Julie Knickerson, qui a une garderie familiale francophone à Transcona. C’est une occasion pour les petits de jouer avec d’autres jeunes. Et à Julie et moi de se partager des idées d’activités. C’est important de se ressourcer et de se renouveler.
« Il faut aimer les enfants. Il faut la vocation. Être avec les petits, ça me vient facilement. Je les aime tellement. Mais je continue à m’outiller, pour faire encore mieux, pour me motiver davantage. Ça me donne les idées qu’il me faut pour les aimer, et les voir s’épanouir de plus en plus, à chaque jour. »