Pendant des années, Janine Forest a vécu son amour pour la danse classique comme spectatrice. Il y a trois ans, elle est passée outre son manque de confiance et s’est inscrite à son premier cours.

Par Manella VILA NOVA

Quand Janine Forest avait cinq ans, ses parents l’ont inscrite à un cours de claquettes. « Je n’ai vraiment pas aimé ça, alors ça n’a pas duré longtemps. Après j’ai fait les sports que mes frères faisaient, comme le karaté et le soccer. »

Mais au début des années 2000, tout a changé. « À Noël, j’ai reçu des billets pour aller voir le spectacle Roméo et Juliette du Ballet royal de Winnipeg. J’ai trouvé ça tellement beau et tellement féminin! Je suis immédiatement tombée en amour. »

À partir de ce moment-là, Janine Forest a commencé à suivre le monde du ballet de près. « J’allais voir les spectacles dès que je le pouvais. Je regardais, et je me disais : « J’aimerais que ce soit moi! ». Je rêvais de porter un tutu et des pointes. »

Cependant, elle n’osait pas s’essayer à la discipline. « Dans ma vingtaine, j’avais vraiment envie de commencer, mais j’étais intimidée à l’idée de suivre des classes avec des filles plus jeunes. J’étais gênée de débuter comme adulte. Alors je m’entrainais chez moi, avec des DVD de classes de barre et de fitness. »

Après son 30e anniversaire, Janine Forest s’est décidée. « Je me suis dit : c’est maintenant ou jamais. Je ne voulais pas avoir de regrets. J’ai fait mes recherches, et j’ai découvert que la plupart des studios de danse offraient des cours pour adultes. »

L’apprentie danseuse a poussé les portes du studio Encore, à Saint-Boniface, il y a trois ans. « Je me souviens encore de ma première classe. On était quatre ou cinq femmes. Je n’avais même pas les bons souliers, mais j’étais tellement heureuse! C’était une classe très simple, et j’arrivais à suivre. Ça m’a rendue vraiment fière. »

Forte de sa première expérience, Janine Forest a partagé son bonheur avec son entourage. « J’ai reçu beaucoup d’encouragements. La première année, je prenais un cours par semaine. J’étais contente de voir ce que mon corps était capable de faire, et j’ai eu envie d’apprendre le plus de choses possibles. »

Elle a alors augmenté son nombre d’heures hebdomadaires. « J’ai découvert l’école Theatre Dance Centre, qui offrait des cours à l’année longue, même en été, et un système de cours en drop-in qui fonctionnait bien avec mes horaires de travail. Depuis, les progrès viennent plus vite. Je connais plus de mouvements et j’ai besoin de moins de réflexion. J’ai plus l’impression de danser. »

Dorénavant, plus rien ne l’arrête. Employée depuis 12 ans par VIA Rail Canada, Janine Forest prend des cours partout où elle passe. « Je voyage toute l’année à travers le Canada, alors quand je suis en déplacement à Toronto ou à Vancouver, j’en profite pour visiter les écoles de danse sur place. Les niveaux débutants ou intermédiaires sont très différents d’un établissement à l’autre. »

« On sait qu’on ne deviendra jamais professionnel. On fait ça pour le plaisir, et pour faire partie d’un ensemble. En souplesse, on sent les limites du corps. Mais je suppose que ça s’acquiert avec le temps et la pratique. Sauf que comme adulte, on n’a pas toujours le temps. »

Lors de ses deux premiers spectacles donnés par l’école de danse, Janine Forest a eu l’opportunité de porter un tutu. « C’était un rêve qui se réalisait. Je me sentais comme une vraie ballerine. » Son prochain objectif : commencer à danser avec les chaussons de pointe.

« Ça fait deux ans que j’envisage les pointes. Les enseignants m’ont dit que j’étais prête physiquement, mais je repousse toujours à l’année suivante. Je ne veux pas commencer, ne pas réussir à tenir l’équilibre et devenir frustrée, parce que les pointes, c’est mon but ultime. »