Par Michel LAGACÉ

Il est certes trop tôt pour qualifier de tournant déterminant l’Assemblée générale annuelle de la Société de la francophonie manitobaine du 11 octobre. Chose certaine cependant, elle a ouvert la voie à un changement historique dans la relation entre la SFM et Presse-Ouest Ltée, la société éditrice de La Liberté.

Trois fois entre 1986 et 1989, le conseil d’administration de la SFM avait voulu rompre ses liens avec POL mais, au milieu de vives controverses, les membres avaient rejeté cette proposition. Enfin, jeudi dernier, ils ont tranché en faveur d’une séparation définitive. Ils ont opté pour la création d’une entreprise sociale. Et, dans un geste de confiance sans précédent, ils ont remis aux conseils des deux entités la tâche de mettre sur pied cette entreprise, sans avoir à consulter l’assemblée de nouveau. Cette décision constitue un vote de confiance dans les compétences indéniables des membres du conseil de POL et de la direction du journal qui ont, dans un rapport à l’assemblée, exposé une panoplie d’innovations qui visent à générer des revenus supplémentaires sans lesquels le journal ne pourrait pas maintenir sa qualité actuelle. Il reste aux membres du CA de la SFM à démontrer leur capacité d’exécuter la volonté des membres.

Dans une autre décision sans précédent, l’assemblée a rejeté le procès-verbal de l’AGA d’octobre 2017. Pour des raisons qui n’ont pas été expliquées, aucune mention n’y était faite du point fixe qui avait été remis à plus tard selon la volonté unanime de l’assemblée afin de laisser au président de POL, MMarc Marion, le temps de terminer ses remarques sur les tentatives d’ingérence par la présidente sortante de la SFM, Jacqueline Blay. En tant qu’avocat aguerri, spécialiste des corporations, il a également rappelé que les procès-verbaux de POL sur lesquels Mme Blay voulait tant mettre la main étaient, en droit, la propriété des membres du Conseil d’administration et non de l’actionnaire.

Règle générale, les procès-verbaux d’une assemblée générale sont d’une importance critique. Ils sont confiés en permanence aux archives pour permettre aux chercheurs futurs de comprendre le cheminement en l’occurrence de l’organisme porte-parole de la francophonie. Approuver un procès-verbal incomplet lors d’une réunion annuelle des membres, c’est mentir au futur en omettant de préciser l’évolution d’enjeux importants. Les membres ont choisi la véracité historique et donc, dans un geste imprégné d’intégrité et de bon sens, ils ont refusé d’approuver le procès verbal tel que présenté. Le CA de la SFM devra proposer un procès-verbal juste et complet à la prochaine AGA.

Si l’AGA de 2018 a pu prendre des décisions sans précédent dans une atmosphère détendue, il faut applaudir des deux mains la contribution remarquable du président d’assemblée, Me Donald Legal. Doué d’une grande connaissance du code Morin et d’un solide sens de l’humour, il a contribué à maintenir l’ordre et la bonne humeur dans une assemblée qui aurait pu parfois dérailler.

Tout a conspiré pour que l’indécision, la méfiance et les hésitations du passé cèdent à une attitude de confiance. Les membres ont pu quitter cette AGA avec le sentiment d’avoir fait un pas prometteur vers l’avenir.