La Maison des artistes visuels francophones tient à donner une place aux artistes émergents de la province. Une ambition difficile à maintenir, mais jugée essentielle.

Par Marie BERCKVENS

Chaque année, la Maison des artistes ouvre son studio à une douzaine d’artistes émergents. Alexandra Keim, la directrice depuis 2016, considère ce volet comme l’une des raisons d’être de l’organisation.

« On développe cette mission dans le studio, qui est un espace plus flexible, plus expérimental que celui de la grande galerie conçue pour les artistes confirmés. Ce lieu renforce notre volonté de donner de la place à des artistes émergents en arts visuels.

« Il peut s’agir d’étudiants, d’artistes qui cherchent plus de visibilité. On leur donne un appui professionnel. Comme commissaire d’exposition, on peut les guider avec leurs oeuvres, on leur propose un plan de marketing (des cartes postales, des invitations, un vernissage, des publicités). »

Cette dimension de la Maison des artistes ne coûte rien aux exposants, mais elle devient de plus en plus difficile à maintenir pour l’organisme. Chaque exposition dans le studio représente un coût d’environ 2 500 $.

Alexandra Keim explique : « Depuis 2017, on organise un prélèvement de fonds annuel qui s’appelle The Garden Party. L’argent prélevé est utilisé pour le studio. Mais malheureusement, ça n’est pas suffisant. Cette année, on va demander une subvention auprès du Conseil des arts du Canada.

« Certaines expositions fonctionnent par commandite. On demande toujours à nos partenaires s’ils veulent commanditer une exposition dans le studio.»

Le budget total annuel de la Maison des artistes visuels francophones est de 180 000 $. En 2016, le loyer de l’organisme situé dans l’ancien Hôtel de ville de Saint-Boniface avait augmenté de 53 %, soit de 9 000 $.

Alexandra Keim se souvient : « À ce moment-là, on n’avait aucun moyen de payer cette augmentation. Maintenant, on y parvient. On a un plan d’affaires plus costaud, plus sûr pour les années à venir, parce qu’on a reçu une subvention de Patrimoine canadien : 75 000 $ par an pour les prochaines cinq années. Le Conseil des arts du Manitoba nous aide aussi ponctuellement avec des projets dans la grande galerie. »

En tout état de cause, la Maison des artistes rémunère les artistes confirmés :

« On pense toujours qu’un artiste doit être payé. On paye le docteur, le plombier. Alors ça nous semble important de continuer à rémunérer nos artistes professionnels qui viennent exposer leurs oeuvres dans la grande galerie. Ils reçoivent un cachet d’artiste, qui est fixé par la grille tarifaire établie par l’organisme CARFAC (1). Comme on est membre de cet organisme, on est lié par leurs tarifs. C’est essentiel. »

(1) www.carfac.ca