Chroniqueuse pour le journal hebdomadaire The Lance, Tanya Misseghers a adopté le français depuis son plus jeune âge. Cette Manitobaine fait son possible pour que cette langue ne disparaisse pas de son quotidien.
Par Mariam BA SOW
Tanya Misseghers, correspondante privilégiée du quartier de Royalwood pour The Lance, a commencé à apprendre le français dès la première année d’école. Sous l’impulsion de la politique de Trudeau père, ses parents anglophones ont souhaité prendre la direction du bilinguisme. Il était important pour eux que leurs enfants fassent partie intégrante d’une nation multilingue.
« Dans la division scolaire de River East où j’étais, il n’y avait pas encore des écoles d’immersion. Celle la plus proche se trouvait dans la division scolaire de Transcona, à environ 45 minutes de chez moi. Les parents ont revendiqué un transport gratuit par autobus scolaire pour que nous puissions apprendre le français.» Grâce à leur combat, Tanya Misseghers a fréquenté un programme d’immersion complète de la 1ère à la 9ème année.
« Je suis tombée amoureuse de la langue, à l’oral et à l’écrit. Mes professeurs ont montré beaucoup d’appui et d’encouragement pour les élèves anglophones comme moi. »
La chroniqueuse vivait dans deux mondes durant son enfance : le français à l’école et l’anglais à la maison. Pourtant, ça n’a pas été le cas pour son frère : « Je conseille aux parents anglophones d’encourager leurs enfants à fréquenter une école d’immersion. Mais il faut rester conscient du fait que l’un des enfants peut trouver ça génial, et l’autre pas du tout. C’est ce qui est arrivé à mon frère, elle n’y a pas trouvé son intérêt. Il ne faut pas pousser l’enfant trop fort si ça ne lui dit rien, parce qu’il aura toute la vie pour apprendre la langue s’il le souhaite. »
Tanya Misseghers a pu suivre de cours de français au secondaire. Puis a poursuivi ses études supérieures dans cette langue et est titulaire d’un diplôme universitaire en Français et Histoire. Dans le cadre de ses études, la journaliste a vécu à Perpignan durant neuf mois pour un échange universitaire. « Je m’y suis fait des amis, mais je craint d’avoir perdu mon niveau après ce passage en France il y a 20 ans. Je n’ai pas eu l’occasion d’y retourner depuis et je n’utilise pas le français dans ma vie quotidienne. Quand je travaillais dans le marketing et la communication il y a deux ou trois ans, j’avais des collègues francophones et bilingues. Nous avons passé une entrevue filmée à Radio-Canada. Je craignais pour mon niveau de français, mais ça s’est très bien passé. »
La Winnipégoise se tient informée de l’actualité francophone avec les réseaux sociaux et avec la presse. Elle lit chaque semaine l’article écrit en français du Winnipeg Free Press, et La Liberté quand elle en a l’occasion.
Tanya Misseghers a développé une amitié avec quelques Franco-Manitobains, mais ne ressent pas le besoin de s’intégrer davantage à cette communauté. « Les Franco-Manitobains sont très accueillants et chaleureux. On ressent chez eux un désir sincère de partager leur culture. Le pays a besoin de continuer sur cette voie, car c’est sans doute notre plus grande richesse. J’en reste intimement convaincue, en comparant avec ce qu’il se passe avec nos voisins plus au sud. Ce que j’apprécie particulièrement chez les Franco-Manitobains, c’est qu’ils encouragent ceux qui essaient d’apprendre leur langue. Les Québécois que j’ai pu rencontrer semblent, eux, renfermés sur leur bulle et moins ouverts au partage de culture. C’est dommage.»
Tanya Misseghers n’en perd pas pour autant son enthousiasme pour le bilinguisme : « Le Canada est loin d’être un pays parfait, mais cette volonté de partage est un bon début. Nous avons la chance d’accueillir une multiplicité de cultures au Manitoba, il faut les célébrer. »