Un récent rapport d’un comité de la Chambre des communes propose diverses mesures pour améliorer la parité hommes-femmes dans les organismes artistiques et culturels canadiens. Des intervenantes du milieu accueillent favorablement les recommandations du rapport et elles souhaitent que ces suggestions donnent lieu à des changements concrets à l’échelle nationale.

Mireille E. LeBlanc (Francopresse)

Le comité permanent du patrimoine canadien a déposé à la Chambre des communes en janvier 2019 un rapport intitulé La parité hommes-femmes dans les organismes artistiques et culturels canadiens. Ce rapport fait suite à une consultation en mai 2018 de 18 témoins qui représentaient des organismes culturels et communautaires canadiens, des universitaires et des spécialistes. L’objectif était d’étudier une façon d’établir la parité au sein des conseils d’administration de ces organismes et des directeurs artistiques à l’échelle canadienne et de formuler des recommandations pour y parvenir.

Survol des recommandations

En plus de proposer une étude plus approfondie sur la question, ce rapport suggère de créer diverses ressources et d’instaurer plusieurs mesures telles que :

  • Une tribune pour l’échange d’information et de pratiques exemplaires ;
  • Un programme de mentorat pour les femmes axé sur le développement du leadership et des compétences ;
  • Des programmes de leadership et de bourses pour jeunes leaders ;
  • L’élaboration de politiques contre le harcèlement et pour la parité au sein des organismes artistiques et culturels ;
  • Des programmes de perfectionnement professionnel sur la parité hommes-femmes et destinés aux membres de conseils d’administration ;
  • Des programmes de ressources humaines pour éliminer les obstacles à l’avancement des femmes (services de garde améliorés, horaires flexibles et congés parentaux) ;

Le rapport recommande également au gouvernement fédéral de lier son financement accordé aux organismes aux initiatives de parité, en plus de respecter le principe de parité dans ses nominations d’administrateurs des organismes culturels. Enfin, le comité sénatorial suggère d’aller au-delà de la parité masculine-féminine et d’encourager une plus grande diversité au sein de la haute direction et des conseils d’administration.

Réactions positives

Carmen Gibbs, directrice générale de l’Association acadienne des artistes professionnels du Nouveau-Brunswick (AAAPNB) n’est nullement surprise des témoignages du rapport qui font état de la faible représentation féminine dans des postes de direction, et ce, peu importe la discipline artistique. Elle qualifie d’inexplicable qu’un tel écart généralisé existe encore dans la société canadienne en 2019. « Par contre, ma réaction est de voir cette étude comme très bienvenue. Je trouve cela intéressant et je trouve qu’il est temps que l’on s’attarde à cela une fois pour toutes pour que cette disparité disparaisse, que ce soit au niveau de la représentation, des postes occupés et de la rémunération », souligne-t-elle.

Certaines recommandations trouvent d’ailleurs écho avec des initiatives récentes de l’AAAPNB qui adoptera ce printemps une politique contre le harcèlement et qui réclame une loi sur le statut de l’artiste au Nouveau-Brunswick. Carmen Gibbs affirme qu’une telle loi suivrait les recommandations du rapport et éliminerait certains obstacles avec des services de garde améliorés, des horaires flexibles et des congés parentaux.

Marie-Christine Morin, directrice générale de la Fédération culturelle canadienne-française abonde dans le même sens et accueille favorablement le contenu de ce rapport. « Il est encouragent que, de un, on se soit penché sur la question qui est clairement un enjeu dans le secteur et, de deux, que les recommandations de ce rapport aillent non seulement dans le sens de mesures concrètes, mais aussi des mesures qui touchent la collaboration, le mentorat et le développement professionnel des femmes dans le domaine ou qui y aspirent », mentionne-t-elle en qualifiant d’assez juste le portrait global brossé par les témoignages.

Tout comme Mme Gibbs, elle rappelle que le dossier de la parité comprend également toute une série d’obstacles systémiques qui causent une certaine précarité pour les femmes. « Quand on regarde la parité, il faut la regarder avec une lentille élargie et qu’on regarde vraiment tous les outils à la disposition des gens pour qu’ils puissent évoluer dans ce milieu sans être dans une situation précaire », souligne-t-elle.

Comme la Chambre des communes a reçu ce rapport du Comité permanent de patrimoine canadien en début d’année, il est encore trop tôt pour savoir quelles mesures seront implantées. « Il y a question d’une étude et des questions de financement donc on va voir ce que le gouvernement mettra en place. Il est clair que ce genre d’initiatives doit s’accompagner d’engagements », conclut Mme Morin.