Pour la Saint-Valentin, un petit nouveau est né dans la communauté francophone albertaine : le Comité FrancoQueer de l’Ouest. L’annonce a été faite ce jeudi 14 février, lors d’une conférence de presse émouvante à la Cité francophone d’Edmonton.
par Geoffrey Gaye (Le Franco)
« Ce n’est pas une coïncidence si nous avons choisi le jour de la Saint-Valentin qui est la fête de l’amour pour faire cette annonce », déclare Emmett Lamache, maître de la parole de cette conférence de presse, jeudi 14 février peu avant midi.
Désormais, dans la communauté francophone albertaine, il faudra officiellement compter avec la communauté 2SLGBTQIA+, à savoir lesbienne, gay, bisexuelle, transgenre, bispirituelle, queer, questioning, intersex et asexuels.
Ce nouvel organisme a pour but de sensibiliser les milieux minoritaires francophones aux réalités de la communauté 2SLGBTQIA+, « et de cette façon aider à la création d’espaces inclusifs, sécuritaires et respectueux », précise un communiqué. « Pour le moment, l’organisme servira la communauté francophone de l’Alberta, il vise à s’étendre dans tout l’Ouest canadien », peut-on encore y lire.
Tous les membres de l’organisme sont bénévoles. Dans un premier temps, les revenus du comité proviendront de ventes de goodies, mais surtout d’opérations de sensibilisation dans les écoles ou les entreprises. Des demandes de subventions sont en cours notamment auprès du ministère Patrimoine canadien afin « de pouvoir créer un poste pour développer l’organisme », explique Emmanuel Dubbeldam, directeur des membres FrancoQueer jeunesse.
Une séparation de FJA
Le comité FrancoQueer de l’Ouest est né d’un détachement de l’organisme Francophonie Jeunesse de l’Alberta (FJA) qui l’avait créé il y a quelques années sous le nom « les Alliances allosexuels-hétérosexuels (AAH) ».
« Le comité FrancoQueer a souhaité devenir indépendant pour accéder à un plus grand mandat parce que les enjeux 2SLGBTQIA+ ne sont pas juste les enjeux des jeunes, ce sont aussi des enjeux pour les adultes. Pour atteindre pleinement son mandat, nos deux organismes ont dû se séparer amicalement », explique Gabriel Kreiner, directeur général de FJA.
Les deux organismes francophones resteront tout de même liés. FJA va continuer de soutenir le comité en offrant « certaines ressources de base telles qu’un espace de travail, une adresse postale mais aussi les droits d’auteur sur les ressources qu’ils ont développées durant le mandat », ajoute-t-il.
Au centre de la Rotonde de la Cité francophone, plusieurs personnes se sont relayées au pupitre devant une trentaine de personnes. Michael Connolly, député au sein de l’Assemblée de l’Alberta, était présent et a tenu à féliciter la création de cet organisme. « Je suis fier de faire partie de cette communauté. Pour les avoir moi-même vécus, je connais bien les défis auxquels sont confrontées les minorités sexuelles et culturelles », a déclaré l’un des premiers députés canadiens de l’histoire à avoir rendu publique son homosexualité.
« Vous n’êtes pas les seuls, des gens comme vous existent »
Le comité FrancoQueer de l’Ouest est l’objet d’un travail de longue haleine. Douze ans se sont écoulés entre sa création officielle et la première fois que Patrick Dunn, enfant de la francophonie albertaine, évoque la nécessité d’aborder la question de l’homosexualité dans sa communauté. Lors d’une prise de parole poignante ce jeudi, ce dernier, désormais directeur général du Centre d’arts visuels de l’Alberta (CAVA), a ému l’auditoire par son témoignage.
« Grandir dans la communauté francophone en Alberta, c’est comme grandir dans une immense famille. Mais grandir dans la communauté francophone de l’Alberta, c’était grandir dans un monde où les personnes homosexuelles n’existaient pas. On n’était jamais mentionnés. Imaginez que vous arrivez à la puberté et que vous vous rendez compte que vous n’êtes pas du tout comme on vous l’a appris ».
À la fin de sa prise de parole, Patrick Dunn a souhaité passer un message aux nouvelles générations LGBT francophones : « Vous n’êtes pas seules. Des gens comme vous existent », a-t-il déclaré avant de tomber dans les bras de ses amis sous un brouhaha d’applaudissements.