L’auteure-compositrice-interprète montréalaise Hanorah se produira en première partie de Cœur de pirate, le 11 mars prochain au Burton Cummings Theatre. Première tournée pour l’artiste et grande première à Winnipeg. Son premier EP intitulé For the Good Guys and the Bad Guys sortira le 22 mars prochain.

Entretien avec Marie Berckvens

La musique a toujours fait partie de votre vie…

Mon père est batteur et ma mère chantait dans des chorales de gospel quand j’étais jeune. Il y avait toujours de la musique autour de nous. Je chantais toujours quand j’étais jeune. J’écoutais toujours de la musique soul, jazz aussi. J’ai arrêté de chanter après l’agression sexuelle dont j’ai été victime à 18 ans. Le traumatisme était trop extrême. Je me suis perdue. C’était très difficile. Après plusieurs années, après beaucoup d’introspection, de thérapies, de support de ma famille et la décision d’accepter de l’aide, me voilà plus forte aujourd’hui qu’auparavant. La musique est un outil qui m’a vraiment aidée.

Le EP qui sort le 22 mars s’appelle For the Good Guys and the Bad Guys. Pourquoi ?

Tout le monde veut se penser Good Guy. Mais si on ne se pose jamais la question et si on ne regarde jamais nos comportements d’une manière objective et honnête, on ne peut pas savoir l’effet qu’on a. Le plus souvent, les gens qui ont mal, ce sont les gens qui vont faire mal. Ce que tu as vécu n’est pas une excuse. Il faut être responsable de notre comportement. Tout le monde a du good et du bad à l’intérieur. Je veux que les gens se posent un peu cette question, si possible.

Une attitude qui a de quoi inspirer….

En tout cas, inspirer plus d’espoir. La rédemption. L’amitié. J’ai vraiment trouvé une communauté autour de la musique. J’aimerais parler à ma version antérieure et lui dire que la vie est plus belle aujourd’hui que jamais je n’aurais pu l’imaginer. Ton destin est toujours dans tes mains. Des choses positives peuvent arriver. Toujours.

Où allez-vous puiser cet espoir ?

À chaque défi musical, il y avait aussi un défi psychologique. Par exemple, récemment, il y avait un excellent guitariste qui jouait dans le métro. Il était tellement bon. Je me suis dit : Je veux jouer avec lui. À cause de l’agression que j’ai vécue, j’avais vraiment beaucoup d’anxiété sociale. Peut-être que ce n’est pas confortable pour moi de parler à ce musicien que je ne connais pas, ça me rend nerveuse. Mais je vais le faire.

À chaque fois que j’ai poussé mes limites sociales et émotionnelles, il y avait toujours une récompense au bout. Et elle était toujours musicale. Les deux ont toujours été liés. Quand je donne des spectacles, j’ai le trac aussi. Mais après je rencontre du monde qui a vécu le même traumatisme que moi. Même si c’est pas facile d’aller au delà des limites que l’on se met, à cause d’une mauvaise expérience, par exemple, il y a une récompense, quelque chose de bon qui nous attend de l’autre côté. Ça me motive d’essayer encore plus. Ça me permet de prendre plus de risques, des risques positifs…pas des risques niaiseux.

Quand on prend du recul, on s’aperçoit en effet qu’il ne s’agit pas d’un vrai risque…

En fait, quand on y pense, ce ne sont pas vraiment des risques. C’est juste parce que tu as peur de la réaction du monde que tu vois ça comme un risque. Le recul est un mot important. Comment est-ce que j’ai obtenu ce recul-là ? Est-ce que je l’ai choisi ? Je vais au-delà du mur que je me suis construit pour avoir des bonnes expériences.

Vous avez bien sûr des modèles…

Les chanteurs qui chantent avec tout leur coeur, toute leur âme : Etta James, Amy Winehouse, Joss Stone.

Vous vous appelez Elisabeth Hanorah Hanley. Et vous avez décidé de choisir votre deuxième prénom comme nom d’artiste…

Pour la musique, je voulais une petite séparation. C’est vraiment triste les conséquences de la culture de vedette. J’ai vu une vidéo d’Amy Winehouse. Des fans criaient son nom Amy, Amy, Amy. Je ne peux pas m’imaginer me retrouver dans cette situation-là. Si ça va aussi loin, si les gens aiment ma musique, je ne veux pas arriver au point où je ne peux pas séparer ma personne de l’artiste, de l’image que les gens ont de moi.

Une manière de se protéger ?

Oui un peu. Tu peux être honnête d’une autre façon quand tu as une autre « identité ». Hanorah, c’est irlandais. Ça veut dire honneur.

Tant d’efforts pour un rêve ultime…

Avant tout, je veux continuer à raconter ma propre histoire, connecter avec les personnes et véhiculer des messages d’appui et positifs pour les gens de partout.