Du 10 au 24 août 2019, 100 000 Acadiens, francophones et francophiles convergeront vers l’Île-du-Prince-Édouard et le Nouveau-Brunswick pour participer au Congrès mondial acadien. L’Acadie donne rendez-vous à toute la parenté et aux amis pour cette gigantesque manifestation de fierté culturelle pimentée par un accueil légendaire.
Mireille E. LeBlanc (Francopresse)
Rencontres de familles, spectacles qui mettront en scène plus de 200 artistes, forum de discussion, sommet des femmes, volet économique, événements jeunesse et conférences : cette liste ne fait qu’effleurer la surface de la programmation du 6e Congrès mondial acadien (CMA). L’édition 2019 sera répartie dans 20 municipalités hôtesses situées dans deux provinces, soit l’Île-du-Prince-Édouard et le Nouveau-Brunswick. « C’est le plus grand rassemblement d’Acadiens au monde », signale avec fierté la présidente du comité organisateur, Claudette Thériault.
Le CMA se déroule tous les cinq ans depuis 1994 et cette édition du 25e anniversaire forme en quelque sorte un retour au bercail puisque la toute première édition a eu lieu dans le sud-est du Nouveau-Brunswick. Le congrès s’est déplacé en Louisiane en 1999, en Nouvelle-Écosse en 2004, puis dans la Péninsule acadienne au Nouveau-Brunswick en 2009. L’édition 2014, elle, a eu la particularité de s’étendre sur trois territoires, soit le Madawaska au Nouveau-Brunswick, le Maine aux États-Unis et le Témiscouata au Québec.
« Quand je fais des présentations, que ce soit en Louisiane, en France, en Nouvelle-Angleterre, au Québec ou dans toute autre région où il y a une grande concentration d’Acadiens, il y a toujours cette fierté et ce sens d’appartenance à la communauté acadienne. Les gens de l’extérieur des Maritimes, pour eux, c’est un rêve de venir marcher sur les terres de leurs ancêtres et de venir rencontrer les gens », ajoute Mme Thériault.
Rejoindre l’Acadie mythique
Clint Bruce, titulaire de la Chaire de recherche en études acadiennes et transnationales et professeur adjoint en sciences humaines à l’Université Sainte-Anne en Nouvelle-Écosse, croit que l’attrait du CMA rejoint l’image de l’Acadie mythique des descendants des Acadiens déportés. « C’est l’idée de retourner en Acadie et d’avoir un rassemblement autour de ces retrouvailles. Les Acadiens forment une population dispersée par un malheur de l’histoire, un crime de guerre. Ça allume une étincelle dans l’imaginaire des gens, quel que soit leur lieu de résidence ou leur compétence linguistique parce que ça les touche vraiment », affirme-t-il.
Lui-même a participé en arrière-scène du CMA en Louisiane, alors qu’il a obtenu un emploi d’été étudiant avec le comité organisateur. Il y a vu pour la première fois l’effet de se retrouver dans un milieu de travail francophone et, depuis qu’il habite en Nouvelle-Écosse, il remarque comment la tenue d’un congrès laisse des traces dans la communauté. « Dans mes interactions avec les gens, j’entends plein d’histoires de la vie des gens où le congrès est un jalon. Les gens me disent pour le congrès j’ai fait ceci, après le congrès il y avait cela. La question de l’affichage et du visage français dans notre région de la baie Sainte-Marie revient souvent. Il y a un legs tangible comme la création d’un centre touristique sur le campus de l’Université Sainte-Anne », ajoute-t-il.
L’héritage tout aussi important que la tenue de l’événement
D’ailleurs, Claudette Thériault croit fermement que toutes ces retombées s’avèrent tout aussi importantes que la tenue du CMA même. Elle mentionne que six des huit municipalités hôtesses sur l’Île-du-Prince-Édouard fonctionnent habituellement en anglais, mais qu’elles ont établi des collaborations avec leur centre scolaire local pour développer leur journée d’activités. De même, le district scolaire francophone du sud-est du Nouveau-Brunswick, en collaboration avec le ministère de l’Éducation de l’Île, a élaboré un guide pédagogique sur l’Acadie qui sera dorénavant à la disposition des enseignants des deux provinces. Des jumelages entre les municipalités acadiennes et des villes ou villages en France, en Louisiane ou ailleurs dans la Francophonie sont renouvelés ou seront tout bonnement créés en marge du congrès cet été.
Les exemples de legs tangibles abondent et Claudette Thériault y voit la raison d’être d’un Congrès mondial acadien. « Depuis les tous débuts de l’organisation, nous sommes en train de créer des liens entre les Acadiens de l’Île, les Acadiens du Sud-Est et les Acadiens du monde entier », conclut-elle.