Par Michel LAGACE

Une annonce de l’Université de Saint-Boniface la semaine dernière illustre jusqu’à quel point le gouvernement du Manitoba y exerce une lourde influence. Une directive du ministère de l’Éducation exigeait l’abolition de 15 % de ses postes de direction. Étant donné la taille très modeste de l’institution, seulement deux postes, dont un vacant, ont été abolis.

Le rôle important du gouvernement provincial dans la gestion des universités est déjà bien connu. En 2017 – 2018, il a gelé leur financement et éliminé la limite sur l’augmentation des droits de scolarité que le gouvernement précédent avait imposée. De plus, à la suite d’une grève de l’association des enseignants de l’Université du Manitoba en 2016, il a été révélé que le gouvernement provincial avait secrètement ordonné à l’Université de s’en tenir à un gel des salaires dans ses négociations collectives. Il avait menacé des “conséquences financières” pour imposer sa volonté.

Les universités sont appelées à répondre à de nombreux besoins. D’une part, elles ont comme raison d’être la création et la dissémination du savoir, ce qui exige une large mesure d’autonomie. D’autre part, elles sont financées en grande partie par les gouvernements provincial et fédéral qui exigent la reddition de comptes détaillés. Ils veulent que les universités contribuent au développement social et économique de la société, tandis que les employeurs réclament des diplômés qui répondent à leurs besoins et les étudiants exigent des programmes qui correspondent à leurs intérêts.

Comment réconcilier toutes ces attentes? En 1967, le gouvernement provincial avait établi la Commission des subventions aux universités pour analyser les besoins des institutions d’enseignement, coordonner leurs activités et protéger leur autonomie tout en répartissant les fonds disponibles. Trente ans plus tard, en 1997, un comité consultatif a remplacé ce tampon entre le pouvoir politique et les universités. Finalement, en 2014, la plupart des responsabilités pour l’éducation ont été placées directement dans les mains du ministre.

Aujourd’hui, la marge de manoeuvre des universités est très mince et leur pouvoir de négociation est essentiellement nul par rapport aux gouvernements qui les financent. La directive du ministère de l’Éducation enlève à l’USB la possibilité de choisir comment répartir ses ressources à l’intérieur de ses limites budgétaires. Cette seule mesure met en évidence jusqu’à quel point le gouvernement provincial peut contraindre les pouvoirs décisionnels du Bureau des gouverneurs, dont il nomme cinq des 15 membres.

Plus le gouvernement impose ses priorités et ses choix budgétaires, plus il devient urgent pour le Bureau des gouverneurs de préciser pour combien de temps encore il se contentera d’approuver des décisions déjà prises pour lui. Il en va de l’autonomie et de la capacité de l’USB de choisir ses propres priorités et d’y donner suite. Alors quand le Bureau des gouverneurs dira-t-il: Assez!?