Le 23 mai, entre 50 et 60 élèves de la 8e à la 12e année d’écoles françaises et d’immersion du Manitoba et de deux établissements du Nouveau-Brunswick et du Québec présenteront leurs courts-métrages au Festival des vidéastes (1). Reportage sur le plateau avec six élèves de l’école d’immersion Regent Park, à Winnipeg.

Par Mathilde ERRARD

« Allez! », lance Jacob Howell, 13 ans, à ses camarades. Sa main est posée sur la caméra et l’œil fixé sur l’écran. La salle des professeurs au deuxième étage de l’école est devenue leur plateau : un canapé et un fauteuil autour d’une table basse, quelques accessoires et des déguisements.

Six élèves de 8e année à l’école d’immersion de Regent Park sont en train de tourner L’aventure de Jack Derksens.

Ils doivent réaliser un court-métrage en français de cinq minutes maximum et respecter le thème du Festival des vidéastes cette année : la famille. Huit autres écoles sont en compétition.

Jacob Howell présente l’histoire : « C’est un papa et une maman qui se disputent souvent. Leur fils décide alors de fuir la maison, parce qu’il en a assez. Mais, il se rend compte finalement qu’il a besoin de ses parents ».

Dès les premières scènes, on comprend que la situation familiale est difficile : le père est alcoolique et bat sa femme.

Le premier objectif de ce festival est de pratiquer le français. Cela commence par la première étape : la recherche du sujet du court-métrage, explique Jacob Howell. « On a tous échangé nos idées avec notre professeur référent, Matthew Hodgins. Ensuite on a choisi la meilleure : réaliser un film du point de vue de l’enfant. »

Deuxième étape : écrire le scénario. Emily Granger est leur tutrice pendant la préparation du film. La vidéaste professionnelle travaille depuis 2011 en freelance pour Freeze Frame (2) et anime régulièrement des ateliers vidéo dans les écoles. « Je les ai aidés à trouver un sens et une cohérence dans le scénario pour avoir du sens. Au début, ils ne savaient pas vraiment si leur histoire serait plutôt comique ou dramatique. Ils étaient beaucoup dans la blague. »

Jacob Howell le reconnaît : « Au départ on voulait qu’un garçon joue la mère et inversement. On a essayé des déguisements, du maquillage. Mais très vite, on s’est rendu compte que ce n’était pas crédible. Il fallait être plus réalistes ».

Troisième étape : jouer et tourner. Travis Derksen, dans le rôle du père, porte une chemise en coton trop grande pour lui. Il révise son texte à voix haute.

Avant chaque scène, un des élèves se place devant la caméra, une petite pancarte à la main. « L’aventure des Derksens, scène 1-E-2, prise 1! ».

Clap! La caméra tourne. Le jeune homme parle vite et les mots s’emmêlent. La scène finit en éclat de rire général. Travis Derksen : « C’est difficile de parler dans une autre langue. Je parle anglais tout le temps : à la maison, au sport, avec mes amis. C’est ma langue maternelle ».

Jacob Howell poursuit. « Alors on refait et refait et refait les scènes, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’erreurs de prononciation ou de fautes de français. »

Plus que pratiquer le français, réaliser un court-métrage apprend aux jeunes à communiquer.

Ces adolescents n’ont que 13 ans, mais ils se sont très vite rendus compte que parler entre eux était important, comme le note Avery Wasylnuk-Shaw : « Parfois, une personne change de décision ou l’ordre des scènes et il ne l’a pas dit aux autres. Ça créé une confusion. »

Reste la quatrième étape : monter les scènes.

 

(1) Le gala a lieu à 19h dans la salle Martial-Caron de l’Université de Saint-Boniface. Entrée : 2$ par personne. https://www.festivaldesvideastes.com/gala-201819

 (2)Freeze Frame est un organisme à but non-lucratif. Il organise des ateliers autour de la vidéo et du cinéma pour les jeunes et le Festival international de films pour enfants, au printemps.