Aucun des deux postes ouverts au conseil d’administration de la Fédération des communautés francophones et acadienne n’a été contesté. L’Albertain Jean Johnson a été reconduit pour un 2e mandat à la présidence et l’Ontarien Carol Jolin sera le prochain délégué des organismes porte-parole. L’enjeu du processus électoral est de nouveau soulevé.
Par Charles-Antoine CÔTÉ et Jean-Pierre DUBÉ (Francopresse)
En 2017, le président Johnson avait remporté le vote contre Sylviane Lanthier à l’issue de plusieurs tours de scrutin diviseurs. « Aujourd’hui, estime-t-il, les gens ont appris à me connaitre et je crois qu’on est rendu à un stade où la FCFA fait presque l’unanimité lorsqu’on présente des options et des opportunités. »
Interrogé sur sa candidature à la mi-mai, le président Johnson s’était montré confiant. « S’il n’y a personne d’autre qui se présente, c’est aussi une indication que les gens sont confortables avec le travail que je fais. »
Les élections sans concurrents signalent toutefois une autre possibilité que des Acadiens ont soulevée en 2017. « J’ai souvent senti qu’une mobilisation est-ouest était en jeu, explique Jeanne d’Arc Gaudet. Il devenait plus difficile de présenter des candidatures acadiennes, du moins quand j’y étais. À l’époque, j’entendais dire que ça ne valait pas la peine parce que les dés étaient déjà joués. »
« Comment mieux représenter la francophonie? »
L’ex-présidente de la Société acadienne du Nouveau-Brunswick (SANB) constate l’absence de l’Atlantique à la tête de l’organisme depuis une douzaine d’années. Jean-Guy Rioux aurait été le dernier à occuper le poste, de 2005 à 2007.
En entrevue, Jean Johnson a rappelé la priorité de la FCFA pour la prochaine année : la modernisation de la Loi sur les langues officielles, en particulier durant les élections de l’automne et tout au cours du processus législatif attendu en 2020.
« On parle de revoir la Loi, poursuit Jeanne d’Arc Gaudet, mais on doit aussi regarder de notre côté ce qu’on peut changer. Dans nos organismes, on se doit d’examiner comment on peut mieux représenter la francophonie en situation minoritaire. »
En 2017, la question de la provenance des candidats était débattue, après deux présidences de suite de l’Ouest canadien. Des Acadiens avaient tenté en vain de trouver une candidature pour contester la Manitobaine Lanthier, en poste depuis 2015. Elle avait été précédée par la Fransaskoise Marie-France Kenny, élue en 2009, et l’Ontarienne Lise Routhier-Boudreau, de 2007 à 2009.
La région ne serait pas un enjeu
« Je pense que les gens ne se posent même pas la question sur la provenance d’une région ou d’une autre, assure Jean Johnson, alors pour moi ce n’est pas un enjeu. »
Il est possible que sa succession en 2021 soit sollicitée par le vice-président actuel de la FCFA, le Manitobain Justin Johnson, une étoile montante de la francophonie. Et la question régionale pourrait alors revenir.
18 membres votants
Le véritable enjeu, selon Jeanne d’Arc Gaudet, n’est pas lié au processus de nomination, mais au mode de scrutin. « Si nous voulons vraiment avoir une représentation démocratique plus inclusive, il faudrait ouvrir le vote à une population plus large. Seuls les [18] organismes membres peuvent s’exprimer. »
Lorsqu’elle représentait la SANB (de 2013 à 2016), elle a participé aux élections nationales. « Il y avait à peu près 25 membres, ce n’est pas beaucoup. Je me sentais parfois gênée de voter pour une personne qui représentait tout le pays. J’ai souvent remis en question la démarche. »
« Peut-être qu’à une époque, ça répondait au besoin, mais est-ce encore le cas aujourd’hui? Est-ce qu’on pourrait trouver un moyen, avec les technologies, pour impliquer les gens? On en est là maintenant : pour que des citoyens se sentent parties prenantes d’un processus, il faut les inclure. »
La FCFA a publié les résultats de la période de mise en candidature le 27 mai. L’élection par acclamation aux deux postes sera confirmée lors de la 44e assemblée générale annuelle, le 8 juin prochain.