Mariages, fêtes, anniversaires. De mai à septembre, toutes les fins de semaine sont bien occupées chez Georges et Florence Beaudry. Toutefois, un évènement anime chaque année ce coin de Saint- Malo, baptisé O Roseau : le Rainbow Trout Music Festival (RTMF). Une véritable relation de famille entre amoureux de festivals.
Par Morgane LEMÉE
L’amour de la musique, des dizaines de bouées sur la rivière Roseau, la bienveillance omniprésente et aucun réseau cellulaire (oui, absolument aucun). On reconnaît bien là l’identité du Rainbow Trout Music Festival (RTMF).
L’ingrédient magique de ce festival reste son lieu atypique. Après trois éditions sur des lieux pas très concluants, les organisateurs louent le site O Roseau, la propriété de Georges et Florence Beaudry, depuis maintenant huit ans. Du 16 au 19 août 2019, le festival tenait sa 11e édition.
| Une rencontre prédestinée
Ben Jones, un des créateurs et le directeur artistique du festival, raconte : « Après quelques problèmes de lieu pour notre troisième édition, on a longtemps cherché un nouvel espace. Les recherches n’étaient pas très fructueuses, j’étais un peu sceptique. Andrina Turenne a transmis à Georges Beaudry un courriel que j’avais fait tourner à propos de notre recherche. Georges m’a appelé, certain de son coup : Viens ici, jette un coup d’oeil au terrain, ne pose pas de questions. Quand tu vas voir, tu comprendras. »
Ben Jones et une trentaine d’amis ont alors fait le test. Ils ont passé la fin de semaine avec Georges et Florence Beaudry à jouer de la musique et au frisbee. Pas de question à l’horizon pour Will Belford, un des créateurs du RTMF : c’était l’endroit parfait. « Trouver Georges et Florence, avec leur état d’esprit et leur lieu incroyable, c’était comme si deux âmes perdues se retrouvaient enfin. On cherchait notre chez nous et ils cherchaient un festival. C’est ici que ça devait se passer. Ça ne pouvait pas être plus parfait. »
De leur côté, Georges et Florence Beaudry n’ont pas hésité à accueillir un festival de musique chez eux. Il faut dire que les deux Franco-Manitobains ont l’esprit de fête ancré en eux. Georges Beaudry ne s’en cache pas. « C’est notre cheminement de vie avec mon épouse. Entre le Cercle Molière, les groupes de musique, le Festival du Voyageur, un temps la Guignolée… En fait, ça a toujours été comme ça quand j’étais jeune. Les violons, la fête tout le temps. Ce n’était pas juste nos racines métisses, c’était juste normal. La joie de vivre, c’est vraiment ça. »
Florence Beaudry ranime aussi quelques souvenirs. « Quand on habitait à Saint- Boniface, on vivait proche du Canot. Pendant le Festival du Voyageur, et d’autres évènements d’ailleurs, il se passait chez nous le party après le party. Bien du monde venait chez nous fêter et jouer de la musique. On était un peu un centre culturel à Saint-Boniface. »
| Le terrain idéal
Georges Beaudry l’a tout de suite senti : O Roseau se prête parfaitement pour un festival de musique. « C’est immense et en même temps humble et chaleureux. L’espace pour la scène est comme un amphithéâtre naturel. Quand on a rencontré les gars de Rainbow Trout, on était très contents. C’est un groupe de personnes organisées et aimables. On a bien sûr tout bien préparé avec des contrats et des assurances pour événement spécial, parce que ce n’est pas juste un petit party. Mais on sent bien qu’ils sont responsables et respectueux de la nature. »
L’année passée, le RTMF a vendu la totalité de ses 700 passes. Cette année, c’est 650 festivaliers qui ont campé toute la fin de semaine, sans oublier les quelque 300 bénévoles, artistes et organisateurs. C’est très proche de la capacité maximum du terrain. Que se passerait-il si la popularité du festival continuait de grandir?
Ben Jones répond sans hésiter. « On n’ira pas plus loin. Le terrain dicte à quel point on peut grandir et on a atteint sa limite. On veut garder l’évènement confortable et sécuritaire. On ne veut pas avoir trop d’impact sur la nature en allant jusque dans les bois. Et on ne veut pas non plus que les gens se sentent comme des sardines. Le festival est arrivé là où on voulait être. »
Et Georges Beaudry, ça ne lui fait pas peur d’accueillir près de 1 000 jeunes dans son coin de paradis? Il répond du tac au tac : « Bien sûr que non! Pourquoi donc? ».
Entre trois questions, on peut voir les festivaliers saluer Georges avec enthousiasme. Les accolades s’enchaînent. D’ailleurs, l’entrevue s’arrête sur l’intervention d’une bénévole. Un ours aurait été aperçu tout proche. Georges Beaudry nous laisse, le sourire aux lèvres, pour aller rassurer les festivaliers. Au Rainbow Trout Music Festival, la famille Beaudry est bel et bien dans son élément. Et vice-versa.