Par Michel LAGACÉ

À la surprise de personne, les progressistes-conservateurs du Manitoba ont vu leur opportunisme amplement récompensé le soir des élections le 10 septembre : ayant récolté 40 des 57 sièges en 2016, ils en détiennent maintenant 36.

M. Pallister avait l’avantage de faire face à un Nouveau parti démocratique (NPD) dont l’impopularité qui avait mené à sa défaite en 2016 n’est pas encore oubliée. Le NPD a tout de même augmenté le nombre de ses députés de 12 lors de la dissolution de la Chambre à 18. C’est ce qui donnera probablement à son chef, Wab Kinew, la chance de diriger son parti dans les prochaines élections provinciales.

Pour leur part, les libéraux ont encore une fois échoué dans leur tentative d’élire quatre députés pour être reconnus officiellement comme un parti à l’Assemblée législative. Quand se rendront-ils enfin à l’évidence qu’ils se distinguent à peine du NPD, et qu’ils n’ont pas gouverné le Manitoba depuis 1958? Le NPD a supplanté le Parti libéral en 1969 et rien ne laisse entrevoir un revirement de ce changement.

Lorsque Brian Pallister a prononcé le traditionnel discours de victoire le soir des élections, les médias ont transmis une image remarquable : tous les députés placés derrière lui étaient des hommes blancs. Durant la campagne électorale, le premier ministre s’était soigneusement entouré des huit femmes élues de son Parti. Mais la scène improvisée le soir des élections reflétait davantage la réalité : seulement 15 femmes, 26,3 % des députés, siégeront à l’Assemblée législative, et M. Pallister n’en comptera que huit dans son caucus de 36.

L’absence presque totale de femmes élues à l’extérieur de Winnipeg est frappante : on y compte seulement 8 % des députés (2 sur 25), tandis qu’elles constituent 40,6 % des députés à Winnipeg. Il s’agit là d’une sous-représentation flagrante qui doit préoccuper tous les partis par simple cohérence avec la diversité dont ils se gargarisent. Ont-ils attiré assez de candidates? Vingt-quatre femmes se sont présentées pour le NPD et 22 pour les progressistes-conservateurs. Ont-elles été choisies dans des circonscriptions où leurs chances de remporter l’élection étaient bonnes? Ou ont-elles été recrutées à la dernière minute pour permettre aux partis de prétendre qu’ils avaient des candidats dans toutes les circonscriptions?

Les Manitobains peuvent se réjouir d’avoir enfin élu pas un, pas deux, mais trois candidats noirs. Mais la représentation des femmes à l’Assemblée législative demeure déplorable plus de 100 ans après qu’elles ont obtenu le droit de vote. Les partis seraient bien avisés de recruter, de former et d’appuyer dès maintenant plus de candidates pour assurer une certaine équité entre les hommes et les femmes dans notre vie publique. C’est alors seulement que les résultats seront remarquables le soir des élections et que les femmes seront pleinement entrées dans notre histoire politique.