Par Michel LAGASÉ

Les promesses d’un avenir brillant et prospère ont foisonné une fois de plus durant la campagne électorale fédérale qui se termine le 21 octobre. Plus que jamais, les partis politiques agissent comme si les Canadiens n’étaient que des consommateurs. Les yeux rivés sur les sondages, ils étalent leurs programmes comme de grands producteurs de biens de consommation. Chaque parti vante les mérites de ses promesses, cherchant à attirer des acheteurs.

De son côté, l’électorat évalue et juge les programmes des partis pour choisir lequel répondrait le mieux à ses attentes. Consciemment ou non, le citoyen se transforme en consommateur prêt à se laisser séduire par les publicités et les personnalités. Dans cette cacophonie de promesses et de réclames, on laisse pour compte les groupes de citoyens qui ne font pas le poids dans la société.

Il fut un temps, durant les années 1960, où le Canada, faisant preuve d’une conscience sociale, cherchait à combattre la pauvreté. Aujourd’hui, on ne parle plus de la pauvreté et des pauvres; on courtise la classe moyenne. Le gouvernement fédéral porte en appel la décision du Tribunal canadien des droits de la personne qui vient de lui ordonner de verser 2 milliards $ en indemnités aux enfants autochtones et à leurs familles. Ces enfants ont été séparés de leur famille par un système de protection de la jeunesse chroniquement sous-financé.

Dans ces mêmes années 1960, dans une tentative d’ouverture sur un monde plus grand que nous, le Canada offrait de l’aide aux pays en voie de développement pour améliorer la condition humaine. Les casques bleus, une invention canadienne, ont fait la fierté du Canada en intervenant au nom de l’ONU quand la guerre risquait d’éclater. En 2018, l’aide publique au développement se situait à 0,28% du revenu national brut, en comparaison de la cible de 0,7% fixée par l’ONU (1). Et on propose durant cette campagne électorale de sabrer ce montant. Quant au rôle international du Canada, il contribuait, en août 2019, exactement 128 des 85 951 soldats et policiers qui travaillaient pour l’ONU (2).

La francophonie à l’extérieur du Québec est un autre enjeu qui ne fait pas le poids dans les calculs électoraux. Des 107 pages de leur plateforme, les conservateurs y consacrent une page de généralités. Les libéraux présentent du réchauffé : la modernisation de la Loi sur les langues officielles, la nomination de juges bilingues à la Cour suprême du Canada sans chercher à consacrer cet engagement dans la loi, etc.

Quels que soient les résultats de l’élection du 21 octobre, nous devons demeurer conscients que nous ne pouvons pas nous permettre de marginaliser des tranches entières de la population. Il nous faudra entendre les pauvres, les enfants et les minorités de toutes sortes dans notre vie publique. La santé de notre société qui se veut démocratique en dépend.

1. Voir https://www.oecd.org/fr/cad/financementpourledeveloppementdurable/ normes-financement-developpement/aidepublique- au-developpement.htm

2. Voir https://peacekeeping.un.org/sites/default/files/1-summaryof- contributions-18.pdf