En aout dernier, le gouvernement canadien annonçait qu’il octroyait 14,6 millions de dollars sur cinq ans pour le développement d’une nouvelle plateforme, TV5Monde Plus. Les maitres d’œuvre en seront TV5 Québec Canada en collaboration avec TV5 Monde. Reste à déterminer quelle place sera faite aux productions franco-canadiennes.

 

Par André MAGNY (Francopresse)

 

« Si on reste inactif devant les grands joueurs du web, les contenus francophones sont destinés à éventuellement se perdre et s’éparpiller dans cet immense océan de contenus. À mon avis, une plateforme telle que TV5Monde Plus pourrait devenir un joueur incontournable pour consommer et découvrir des contenus francophones. »

Les propos du producteur David Baeta de chez Machine Gum de Toronto vont tout droit dans le sens de l’objectif de la ministre du Tourisme, des Langues officielles et de la Francophonie, Mélanie Joly, afin soutenir financièrement le projet.

Lors du dévoilement de la somme consentie, la ministre Joly avait aussi mentionné que Sylvain Lafrance, ex-vice-président directeur des services français de Radio-Canada, devenait président du conseil d’administration de TV5Numérique, la nouvelle filiale de TV5 Québec Canada, créée dans le but d’assurer le développement de cette plateforme.

Pour le producteur franco-manitobain Louis Paquin, c’est en soi une bonne nouvelle que cette annonce. « On est optimiste quant à la possibilité de faire connaitre nos productions à l’international. » Du même souffle, cependant, le producteur exécutif des Productions Rivard se questionne sur le pourcentage qui sera réservé aux émissions produites à l’extérieur du Québec au sein de cette nouvelle plateforme. « Quand le gouvernement parle de productions francophones canadiennes, le terme “canadien”, que regroupe-t-il? Juste le Québec? Les communautés francophones hors Québec? »

Des revenus supplémentaires pour les producteurs

Questionnée à son retour de Paris où elle a eu des discussions avec ses collègues de TV5 Monde sur ce nouveau projet, Marie-Philippe Bouchard, présidente-directrice générale de TV5 Québec Canada, assure que TV5 Monde Plus sera « une vitrine » pour le contenu canadien à l’heure où nous avons « un monde de consommation en rafale ». Elle affirme que sa chaine et TV5Numérique amèneront au reste de la Francophonie « du contenu de l’extérieur du Québec » comme c’est le cas notamment avec la chaine Unis. L’Afrique et l’Europe deviendront un vaste marché potentiel pour les émissions d’ici, qui seront ainsi disponibles à travers les téléphones portables des gens ou leurs tablettes numériques.

D’après Mme Bouchard, une première tranche de 7,2 millions de dollars sera consacrée à l’achat d’émissions, aux ayants droit. « On s’est donné septembre 2020 comme échéancier » pour la mise en place du nouveau média numérique. De plus, fait non négligeable, cette plateforme « va nous donner des infos sur les préférences des francophones dans le monde. » C’est ce que la PDG appelle du « data ». TV5 Québec Canada pourra ainsi mieux savoir quels types d’émissions plaisent aux différents publics francophones.

Selon Louis Paquin, il n’y a pas encore eu de contacts entre les gens de TV5 et l’Alliance des producteurs francophones du Canada au sujet de la nouvelle plateforme. « Il faut bien leur donner une chance », philosophe le producteur de l’émission Hors-Québec, diffusée à TVA. De son côté, David Baeta conclut que l’arrivée de TV5Monde Plus constitue « un atout pour l’industrie qui cherche à se tailler une place autant ici qu’à l’étranger. Nous racontons des histoires afin qu’elles trouvent une audience. Alors la naissance d’une nouvelle plateforme de ce genre aujourd’hui, c’est une nouvelle très prometteuse — autant pour nous, à titre de producteur qu’à titre de personne francophone. »