Lors du Parlement franco-canadien du Nord et de l’Ouest (PFCNO), six Manitobains se sont mis dans la peau d’un député d’un parti qui leur a été attribué. L’occasion de mieux comprendre le fonctionnement du système politique en général et la communauté franco-yukonaise en particulier.

Par Mathilde ERRARD

Ils étaient une trentaine de jeunes de, 16 à 25 ans, venus des provinces du Nord et de l’Ouest (1) au Palais législatif à Whitehorse du 7 au 11 novembre.

Ils ont découvert à leur arrivée le parti politique dont ils allaient défendre les idées pendant quatre jours dans cette assemblée fictive. Ils ont aussi dû se familiariser avec les projets de loi proposés les quatre ministres.

Celui sur la crise climatique a particulièrement marqué Bailey Palamar. C’était la première participation de cette étudiante en quatrième année en anthropologie à l’Université du Manitoba. Elle a dû se glisser dans la peau d’une députée du centre, le parti d’opposition. « Le parti majoritaire était extrême, avec des propositions drastiques pour lutter contre le réchauffement climatique. Alors, mon travail a été de me demander : Qu’est-ce que mon parti défendrait dans ce cas? Avec mon groupe, on a proposé des amendements qui prônaient plutôt un équilibre entre économie et environnement.

« On a beaucoup retravaillé les articles de cette loi. Je me suis vraiment rendue compte que créer une loi est un processus très long : débattre du projet de loi, amender, puis redébattre… C’est impressionnant. Et puis cela a été intéressant de comprendre tout le protocole du système : se lever pour parler, remercier le président de l’assemblée ou encore ne pas adresser la parole directement à un député. »

Dans la peau d’une politicienne, la jeune femme de 21 ans a dû également improviser des discours. « Ça m’a permis de prendre plus confiance en moi. Parler devant une assemblée en français, dans ma seconde langue, a été un très bon exercice. J’ai adoré pratiquer cette langue. »

Kess Dolski, 18 ans, était dans le rôle d’une députée conservatrice pour sa troisième participation au Parlement franco-canadien du Nord et de l’Ouest (PFCNO). Cette étudiante en première année en baccalauréat ès Arts à l’Université de Saint-Boniface, explique, « j’ai vraiment pris conscience de l’impact que peut avoir un discours en Chambre. Comment le choix des mots peut faire la différence ».

Justement, au-delà de l’exercice politique, Bailey Palamar estime que cette expérience « permet aussi de grandir en tant que citoyen. J’ai voté pour la première fois cette année aux Provinciales et aux Fédérales, et c’est utile de mieux comprendre notre système politique. »

Et, ajoute Kess Dolski, ce séjour a été l’occasion de comprendre quelques défis de la communauté francophone au Yukon. « En discutant avec des jeunes et en me promenant dans les rues, j’ai découvert une communauté francophone très active. Grâce à ces rencontres, j’ai aussi plus compris leurs défis. Par exemple, l’un des participants yukonais m’a expliqué qu’une université est en construction à Whitehorse, mais qu’aucun programme en français ne sera proposé et ça préoccupe la communauté francophone. »

Kess Dolski assure sans hésiter qu’elle retentera l’expérience l’an prochain. Mais cette fois-ci, dans le rôle d’une ministre. Il faudra donc qu’elle prépare et présente un projet de loi pour espérer être sélectionnée par le comité organisateur. L’étudiante aimerait poursuivre ses études en droit pour travailler en politique plus tard et faire de cette passion une carrière.

(1) Manitoba, de la Saskatchewan, de l’Alberta, de la Colombie-Britannique, du Nunavut, des Territoires du Nord- Ouest et du Yukon.