Un député, c’est un peu comme le Père Noël. S’il n’a pas ses petits lutins pour tout préparer, la tournée du 24 décembre risque d’être catastrophique! Un adjoint parlementaire, on le voit sans doute moins souvent que son patron, mais son travail est aussi indispensable. Et ses conditions de travail, vous dites?

 

Par André MAGNY (Francopresse)

 

Le 21 octobre dernier, David Imbeault a perdu son emploi. Pourtant, son patron, Guy Caron, était visiblement content de ses services. En fait, c’est un peu à cause de Guy Caron que David se retrouve sans emploi. Ou plutôt à cause du vote des électeurs du comté québécois de Rimouski-Neigette-Témiscouata-Les Basques dans le Bas-du-Fleuve. Après huit ans comme député du NPD, M. Caron a dû tirer sa révérence devant son adversaire du Bloc Québécois. Comme des dizaines d’adjoints parlementaires, ce soir-là, David Imbeault a, lui aussi, cédé sa place.

Mais au fait, qu’est-ce qu’un attaché parlementaire? En général, il et elle vient du monde des sciences politiques ou des communications. « Les tâches sont très variées, mais toutes orientées autour du même objectif : faciliter le travail du député », selon David Imbeault. « Cela va donc de la recherche aux communications en passant par la gestion de l’horaire et de la comptabilité. Il faut tout faire pour que le député puisse se concentrer sur son travail en chambre et les contacts avec les citoyens. »

Même son de cloche du côté des Libéraux, mais avec une pointe un peu plus angélique lancée aux députés. John O’Leary, ancien adjoint parlementaire et maintenant responsable du Bureau de recherche pour le caucus libéral, parle des adjoints parlementaires comme étant « un groupe présentant un éventail de compétences distinctes », qui travaille « sans relâche pour les enjeux auxquels nous-mêmes, ainsi que le caucus libéral, croyons fermement. C’est vraiment un honneur et un privilège de travailler avec les gens les plus travaillants, les plus passionnés, et les plus talentueux avec lesquels j’ai eu le plaisir de travailler. »

Et le syndicat dans tout ça?

En dépit de plusieurs appels lancés, le Parti conservateur, le Parti vert et le Bloc Québécois n’ont malheureusement pas répondu à nos questions touchant les conditions de travail des adjoints parlementaires.

Mis à part les employés du NPD, ceux des autres partis ne sont pas syndiqués.

La plupart des députés ont du personnel affecté à leur bureau de circonscription et du personnel affecté à leur bureau à Ottawa. John O’Leary explique que les députés reçoivent un budget et des lignes directrices en matière de recrutement de personnel. Cela étant, ils sont libres de constituer l’équipe qui leur convient le mieux. Cependant, « cela signifie que les rôles, responsabilités, salaires et déplacements de chaque membre du personnel politique varieront. » Et les heures de travail aussi.

« Les heures supplémentaires sont fréquentes », confie David Imbeault, surtout lorsque la chambre siège. « Plusieurs adjoints font des semaines de plus de 60 heures pendant cette période, ce qui entraine de nombreux problèmes de santé psychologique sur la colline. » M. Imbeault faisant référence à l’un de ses anciens collègues du Parti libéral, qui avait fait une tentative de suicide sur la colline parlementaire en juin 2018. « Les jeunes adjoints et ceux qui ne sont pas syndiqués sont particulièrement vulnérables, car ils sont moins outillés pour identifier les situations problématiques. »

Au NPD, la convention collective entre les députés néodémocrates et le Syndicat des travailleurs unis de l’Alimentation et du commerce du Canada a le mérite d’être claire sur plusieurs domaines : le salaire (55 500 $ pour un niveau 2 comme les adjoints parlementaires), les vacances, les heures supplémentaires, le harcèlement, les déplacements, les congés parentaux, etc. Bien que l’entente ait été signée il y a 3 ans, cela veut-il dire que les nouveaux députés du NPD ne seront plus tenus de la suivre? Nenni. L’entente est valide jusqu’en 2020 et de plus comme l’indique le point 8.01 « chaque député fédéral du Nouveau Parti démocratique nouvellement élu, dans le cadre d’une élection générale ou partielle, doit recevoir une explication générale sur l’objet et l’application de la présente convention. »

Et pour ceux et celles qui ont perdu leurs élections? David Imbeault mentionne que « le député a le droit, s’il lui reste assez de fonds dans son budget, d’embaucher ses adjoints pendant 2 semaines après sa défaite pour l’aider à faire le ménage de son bureau. La Chambre des communes paye ensuite 60 jours de salaire pour faciliter la transition. Ainsi, un adjoint, qui aurait perdu son poste le 21 octobre, pourrait être théoriquement payé jusqu’au début du mois de janvier. » S’il est vrai que nombre d’adjoints parlementaires feront carrière en politique, pour l’instant l’ex-adjoint parlementaire de Guy Caron de Rimouski-Neigette-Témiscouata-Les Basques a décidé de retourner vivre à Montréal et « le déménagement a donc été la priorité à court terme. »