Le comité exécutif de Winnipeg a accepté le principe d’élargir les services en français à toute la ville. Avec une restriction de taille : dans la mesure du possible. Comment appliquer pareille politique? Et avec quel argent? Le vote du budget en mars 2020, devrait apporter des réponses.

Par Mathilde ERRARD

C’est la première phrase du rapport sur les services en français de la Ville, approuvé par le comité exécutif le 21 janvier et qui passera au vote au Conseil municipal le 30 janvier : « Reconnaître que les services en français doivent être accessibles à tous les résidents de la Ville de Winnipeg, et dans la mesure du possible, quelle que soit la situation géographique. »

Avec cette recommandation, pourrait-on imaginer voir Winnipeg devenir une ville bilingue d’ici cinq ou dix ans? Nicole Young, la directrice des services en français depuis 2016, sourit : « Idéalement! Mais dans cinq ans, c’est irréaliste. » Mais comment en pratique élargir les services en français? Avec quel budget et combien de postes devraient être créés? Le rapport déposé suite à une série de consultations n’indique pas de pistes concrètes.

Matt Allard, conseiller municipal de Saint-Boniface, tout comme Nicole Young, note qu’il va falloir attendre le vote fin mars du budget global de la Ville, qui sera en plus très probablement revu à la baisse.

Nicole Young constate simplement : « Le Règlement municipal de la ville de Winnipeg identifie 172 postes désignés bilingues. En mai dernier, on en comptait 147, un nombre insuffisant pour offrir toute une gamme de services en français dans toute la ville. »

Un processus est déjà en place pour évaluer les moyens disponibles dans les services. « Certains postes peuvent être désignés bilingues. Pour ça, il faut juste identifier et évaluer les compétences en français des employés qui les occupent. Ces postes sont déjà existants, donc il y n’y aura pas de dépenses supplémentaires à engager. »

En attendant, Nicole Young travaille avec des services en dehors du district Riel pour améliorer les services en français avec les moyens disponibles, comme à la bibliothèque St. James, située à l’est de la ville. « Si un employé ne peut pas parler en français, il peut appeler sa/son collègue à Saint-Boniface qui pourra répondre au client par téléphone. » De son côté, Matt Allard tient à souligner que ce rapport va au moins dans la bonne direction. « Au début des années 1980, dans le temps de la crise linguistique, il aurait été difficile d’imaginer une étape comme celle-ci. Le français continue de prendre sa place. C’est une bonne nouvelle. »

Le rapport de huit pages compte aussi quatre autres recommandations. L’une propose une actualisation du règlement au minimum tous les cinq ans pour s’assurer qu’il reflète les besoins de la communauté.

Ce rapport fait suite à des consultations menées par la Direction des services en français. 107 formulaires de sondage avaient été remplis en ligne, 25 cartes avaient été déposées dans des boîtes mises à disposition dans des lieux publics et 10 rencontres avaient été organisées avec des organismes comme la Société de la francophonie manitobaine et la Division scolaire francomanitobaine. Un atelier public avait également réuni huit participants.

À plusieurs reprises, les sondés avaient demandé plus de services en français pour le 311, le 911, les services de police ou encore plus d’offre active, c’est-à-dire un service offert automatiquement, sans que les citoyens n’aient besoin de le demander.