Par Michel LAGACÉ
Du jour au lendemain, ou presque, une pandémie a transformé nos vies et notre perception du monde. Il n’a fallu qu’une semaine pour constater que le personnel des services de santé, les employés qui assurent le fonctionnement des chaînes d’alimentation, les éboueurs et les employés de première ligne sont plus importants au fonctionnement de la société que les vedettes et les étoiles sportives. Nous pouvons voir maintenant quelles fonctions sont essentielles à notre survie : celles qui sont exercées par des gens qui ne peuvent pas rester à la maison durant le confinement général.
Ceux et celles qui doivent aller au travail n’ont pas demandé d’être des héros. Ils sont vulnérables et ils mettent leurs proches en danger chaque jour qu’ils entrent au travail. Ils n’ont pas cherché la grandeur mais, se trouvant au coeur d’une crise, ils ne cèdent pas à la peur et ils font ce qui doit être fait.
Les pauvres et les sans-abri se sentent plus vulnérables que jamais, impuissants devant une menace quotidienne. Et ceux et celles qui vivent seuls n’ont pas le privilège du contact direct avec parents et amis. Ils doivent gérer leur propre anxiété, pouvant tout au mieux communiquer à distance.
De Barcelone à Milan à Vancouver, en passant par Londres et Paris, les gens sortent sur les balcons et dans la rue pour applaudir les travailleurs de la santé. Ils pourraient tout aussi bien applaudir tous ceux et celles qui fournissent des services essentiels à la société. Et, reflet du besoin de contact humain, les gens chantent ou jouent des instruments de musique pour communiquer entre eux, pour se sentir solidaires.
Et justement, confinés à nos résidences, nous nous tournons vers les arts, les romans, la musique, les films et la télévision non seulement pour passer le temps mais pour chercher un sens plus profond à la vie. Les grands orchestres et salles d’opéra, les compagnies de ballet et des musiciens de toutes sortes offrent des spectacles en ligne. Et les musiciens professionnels et amateurs enregistrent leurs chansons et leur musique pour les diffuser dans les réseaux sociaux.
Les organismes artistiques ont souvent invoqué leur impact économique pour justifier leur existence et l’appui des gouvernements, comme s’ils n’étaient qu’au service de l’industrie du tourisme. Or derrière ce raisonnement se cache le besoin fondamental d’exprimer toute la gamme de sentiments que peut ressentir l’humanité, et de donner voix à un besoin de solidarité qui dépasse toutes les frontières.
Face à une menace commune dont personne n’est exempté, nous pouvons constater notre interdépendance et le besoin d’une plus grande tendresse entre nous. Nous pourrons peut-être voir un jour que nous avons réellement besoin de peu pour connaître le bonheur, que nous avons déjà beaucoup, et peut-être trop. Et que, de toute évidence, notre plus grande richesse se trouve dans le contact humain.