Par Michel LAGACÉ
Depuis le début de la pandémie, le gouvernement du Manitoba tâtonne gauchement pour répondre à la crise sanitaire et économique. Tandis que le gouvernement fédéral et la plupart des Provinces appuient les entreprises et les individus durement touchés par la perte de revenus, le Premier ministre du Manitoba a choisi l’immobilisme qu’il dissimule par des actions symboliques.
Ainsi, lorsque le gouvernement fédéral a annoncé un programme d’appui aux employés qui pourraient perdre leur emploi, M. Pallister s’est contenté d’accorder un contrat de 4 millions $ à une entreprise privée qui aiderait les Manitobains à bénéficier du programme fédéral.
À chaque fois, le scénario se répète : M. Pallister annonce une nouvelle politique et il est incapable d’expliquer pourquoi. Ainsi, la semaine dernière, il dévoilait un plan de 45 millions $ pour accorder à environ 225 000 Manitobains âgés de 65 ans et plus une somme de 200 $ indépendamment de leurs revenus. Quel problème le Premier ministre veut-il ainsi régler? Il n’en précise aucun, se contentant de dire que les personnes âgées “méritent” cette allocation. Pourtant, comme l’ont souligné plusieurs commentateurs, les personnes de 65 ans et plus sont parmi les moins affectées par la COVID-19 : la plupart ne dépendent pas d’un emploi pour leurs revenus, et les versements du Régime de pensions du Canada, de la pension de la sécurité de vieillesse et les versements connexes n’ont pas été affectés par la pandémie.
Pour justifier des compressions budgétaires, le gouvernement provincial a annoncé qu’il prévoyait un déficit record de 5 milliards $, sur un budget estimé au mois de mars à 15,1 milliards $. Il parlait de compressions possibles de 30 % aux entités qu’il finance, comme les universités. En réalité, les coupures révélées subséquemment sont de l’ordre de 860 millions $ en coûts d’opération et de 2,2 % en termes d’emplois. Et le déficit de 5 milliards $? Une évaluation des effets de la pandémie sur les finances publiques par Économique RBC évaluait à 1,5 milliard $ le déficit que le gouvernement du Manitoba connaîtrait. Le Premier ministre n’arrive pas à expliquer la différence.
M. Pallister a également annoncé la semaine dernière que son gouvernement dépenserait une somme supplémentaire de 500 millions $ sur des investissements en infrastructures au cours des deux prochaines années. De sérieux doutes entourent cette annonce, car il est notoire que la Province sous-dépense les budgets annoncés. En 2018-2019, par exemple, 1,634 milliard $ devaient être dépensés mais seulement 1,068 milliard $ ont été déboursés, une différence de 566 millions $.
En réagissant de façon incohérente à la crise, c’est-à-dire en refusant d’élaborer des plans d’aide sérieux, M. Pallister fait preuve d’un manque remarquable de leadership. Dans l’état d’urgence qui perdure, l’opinion publique ne semble pas avoir abandonné M. Pallister. Le temps dira si les Manitobains ont bien fait de lui accorder leur confiance.