Par Sophie GAULIN

La question d’argent invoquée par la Colombie-Britannique pour se défausser de ses obligations envers ses enfants francophones a été balayée du revers de la main par le plus haut tribunal du pays dans son arrêt rendu le 12 juin. Les juges ont été clairs : les Franco-Colombiens ont droit à une égalité réelle en matière d’éducation.

La gouvernement britanno-colombien a maladroitement et injustement tenté de piétiner les droits de la minorité linguistique officielle et les principes les plus fondamentaux de la Charte canadienne des droits et libertés en se réfugiant derrière une simple logique financière pour ne pas subvenir aux besoins auxquels les enfants franco-colombiens ont droit au nom de l’article 23 de la Charte.

Les juges de la Cour suprême du Canada dans la cause entendue à Winnipeg le 26 septembre 2019 ont clairement remis les pendules à l’heure en refusant de céder aux arguments dignes d’une posture colonialiste dépassée qui s’appuie sur le principe de proportionnalité. Un principe qui avantage les plus nombreux et qui finit par asphyxier tranquillement les moins nombreux.

En rendant ce jugement dans l’affaire Conseil scolaire francophone de la Colombie-Britannique (CSF), de la Fédération des parents francophones de la Colombie-Britannique (FPFCB) v. Colombie- Britannique, les neuf plus hauts juges du pays ont érigé un obstacle de taille à cette francophobie systémique qui s’alimente en faisant croire à une base populiste que la dualité linguistique coûte cher aux Canadiens.

Une belle gifle pour la posture dominatrice asphyxiante de la Colombie-Britannique à l’égard de sa minorité francophone et de ses droits élémentaires à une éducation de qualité.

Pourtant, ce qui coûte cher aux nations du monde entier, c’est la conviction que certains groupes sont au-dessus des autres. Que les plus nombreux et les plus forts peuvent se détourner de leurs responsabilités et obligations avec des arguments grotesques. Que les minorités devraient se satisfaire des miettes qui leur sont laissées. Que leurs droits ont un coût… et que parfois leur obtention, comme dans le cas tragique de George Floyd, exige de payer un lourd tribut.

Alors maintenant, regardons enfin les choses en face. Cette décision donnera aux francophones du pays un poids largement accru quand il s’agira de faire valoir aux gouvernements provinciaux et territoriaux la nécessité de nouvelles écoles.

Ce jugement est une victoire pour les minorités, certes, mais il doit désormais s’accompagner d’une volonté politique réelle de la part du gouvernement fédéral. Les francophones du pays attendent maintenant ce qui constituera la base même de leurs demandes, c’est-à-dire un recensement juste en 2021. Il faut que cesse ce jeu sournois de masquer les minorités dans la minorité.

Le Canada a besoin d’identifier tous ses ayants droit pour faire intégralement respecter l’article 23 de sa Charte, qui se révèle plus que jamais un levier clé contre la domination.