La sénatrice indépendante du Manitoba Marilou McPhedran a déposé en juin un projet de loi visant à abaisser à 16 ans l’âge du vote aux élections fédérales. Tour d’horizon des pour et des contre.

Par Ophélie DOIREAU

Sénatrice depuis 2016, Marilou McPhedran s’intéresse aux jeunes. La parlementaire s’est entourée d’un conseil jeunesse, auquel s’est joint depuis janvier 2020 Janie Moyen, de la Saskatchewan.

« Lorsque l’on rejoint le conseil jeunesse, on peut choisir de faire partie de certains projets. Moi j’ai choisi l’abaissement de l’âge du vote à 16 ans et le revenu universel.

« Nous sommes une quinzaine. Notre travail est de fournir de la documentation pour les parlementaires avec des modèles qui fonctionnent dans d’autres pays, d’effectuer des consultations auprès d’organismes de la jeunesse et d’expliquer l’importance du projet.

« Je trouve injuste de ne pas pouvoir voter, alors qu’on est impliqué en politique. Les 16 à 18 ans sont les plus susceptibles de voter. Tout autour de toi, tu vois des enjeux qui te concernent directement, comme le changement climatique. Mais tu ne peux pas avoir de poids politique, puisque tu ne peux pas voter. On ne se sent pas Canadien à part entière.

« On entend beaucoup trop de personnes dirent : Tu es trop jeune et pas assez responsable pour voter. Alors que c’est tout le contraire. »

Marilou McPhedran rejoint sa conseillère jeunesse. « À 16 ans, tu as une stabilité que tu n’as plus forcément à 18 ans. En effet, la personne est au secondaire, elle vit encore la plupart du temps chez ses parents, ce qui fait qu’elle a un cadre de vie stable.

« En Autriche, le droit de vote est à 16 ans. Des études ont démontré que lorsqu’un jeune vote pour la première fois à 16 ans, il est plus susceptible de voter par la suite. Tout comme le fait que lorsqu’une personne vote sous un même toit, les parents sont influencés à voter également. Un effet d’entraînement existe.

« De plus, le vote à 16 ans permettrait une meilleure représentativité politique au Canada. »

Les arguments pour empêcher le droit de vote à 16 ans, la sénatrice les connaît bien. « C’est toujours la même histoire. Il y a 50 ans, lorsque le droit de vote a été abaissé de 21 ans à 18 ans, les opposants invoquaient déjà le manque de responsabilité. À 16 ans, tu peux conduire, mais tu ne serais pas assez responsable pour aller voter?

« À 16 ans, si tu es affilié à un parti politique, tu peux déjà voter. Les jeunes veulent pouvoir traduire leurs valeurs en volonté et en opinion politique. »

Pour Marilou McPhedran et Janie Moyen, l’affaire ne fait aucun doute : « Les personnes de 16 ans ont le même niveau d’information que celles de 18 ans.« Certaines écoles organisent des simulations de vote au moment des élections provinciales ou fédérales. Ce qui permet aux élèves d’être familiarisés avec le système politique. On explique ce qu’est un parti, comment on vote, quels sont les devoirs et droits lorsqu’on vote. »

La sénatrice souligne un point en particulier.

« Ce n’est pas la première fois que ce projet de loi est présenté. Ce qui est différent cette fois, outre le fait que ce soit une sénatrice qui le présente, c’est l’époque. On voit de plus en plus de jeunes se mobiliser pour des causes qui leur tiennent à coeur. Les politiciens reconnaissent cet élan.

« J’espère pouvoir faire passer le projet en septembre à la Chambre haute. En sachant qu’avec la COVID-19, nous avons connu des ralentissements, puisque le Sénat ne pouvait pas se rassembler en présence physique. »

Janie Moyen se veut la porte-parole de tout un segment de jeunes : « Comme conseillers jeunesse, nous souhaitons tous que la loi soit acceptée, afin de donner une voix à la jeunesse canadienne dans le débat politique. »