Par Michel LAGACÉ

Le patrimoine est une pierre angulaire de notre société. Il joue un rôle central dans notre vision du monde, dans notre vie politique et dans le monde des affaires. Il inspire nos débats publics et nos choix collectifs. C’est pourquoi huit organismes provinciaux du Manitoba se sont regroupés pour la première fois afin de déterminer comment solidifier cette pierre angulaire. Pour ce faire, ils organisent une conférence virtuelle à laquelle le grand public est invité. (1)

Parce que les enjeux et les défis sont nombreux : un financement toujours inadéquat, l’isolement dans lequel trop d’organismes travaillent, les difficultés de recruter des bénévoles, etc. Mais s’il est un défi qui englobe tous les autres, c’est celui du leadership de ce secteur trop souvent négligé, comme le soulignait déjà il y a 30 ans le rapport du Comité d’étude de la politique artistique sur l’état des arts au Manitoba. (2) Ses observations principales demeurent pertinentes encore aujourd’hui. Les enjeux les plus importants étaient, tout comme en 2020, l’appui du gouvernement, le niveau de financement, l’éducation artistique dans les écoles et la difficulté croissante de recruter des bénévoles.

Si les recommandations du Comité d’étude avaient été appliquées au secteur patrimonial, le gouvernement du Manitoba aurait confirmé son engagement en adoptant une loi provinciale sur le patrimoine. Cette loi aurait fait du ministre qui en serait responsable un porte-parole et un défenseur du secteur patrimonial à l’intérieur du gouvernement provincial et auprès du secteur privé et du grand public. Et ce ministre présenterait un rapport annuel sur l’état du patrimoine pour inciter les secteurs de l’éducation, du tourisme et du développement économique à l’action. Le ministre favoriserait ainsi la collaboration et briserait l’isolement dans lequel trop d’organismes sont condamnés à travailler.

Enfin, le ministre pourrait se servir de sa tribune pour attirer l’attention du public sur des dossiers emblématiques comme l’état déplorable des archives de la ville de Winnipeg qui sont conservées dans un édifice inadéquat et vulnérable, sans contrôle de l’humidité et de la température.

Les promoteurs du développement économique ont beau vanter les avantages de vivre et de travailler au Manitoba grâce au riche patrimoine artistique et culturel qu’il possède. Il serait opportun dans un souci de cohérence qu’ils participent autant que possible à la vitalité et à la croissance du secteur du patrimoine. Une dynamique collaborative nécessaire pour que les archives, les musées, les édifices historiques et les artéfacts puissent contribuer pleinement à l’expression et au développement culturels du Manitoba.

(1) Les huit organismes sont : la Société historique de Saint-Boniface, Association of Manitoba Museums, Manitoba Archaeological Society, Manitoba Genealogical Society, Manitoba Historical Society, Heritage Winnipeg et Jewish Heritage Centre of Western Canada. Pour l’inscription gratuite à la conférence virtuelle et le programme, voir http://www.mhs.mb.ca/heritagesummit/#program

(2) Le rapport, daté de mai 1990, a été distribué séparément en anglais et en français. Le comité était formé par Arthur DeFehr (président), Roberta Christianson (vice-présidente), Susan Drayson, Murray McKenzie, Jack Murta, Louise Soubry, Max Tapper et Michel Lagacé (alors président sortant du CA de l’Orchestre symphonique de Winnipeg).