Par Michel LAGACÉ

Le discours du Trône prononcé par l’Honorable Janice Filmon contient des indices probants de la manière dont Brian Pallister comprend le rôle de son gouvernement. Dans ce discours, M. Pallister semble croire que le gouvernement fédéral devrait tout bonnement suivre ses directives et envoyer toujours plus d’argent au Manitoba. Ainsi, dans un geste purement symbolique, il se propose de demander à l’Assemblée législative d’appuyer unanimement une résolution qui demanderait au gouvernement fédéral d’augmenter ses transferts en matière de santé aux provinces.

Il annonce aussi que les Manitobains pourront obtenir des congés de maladie s’ils sont atteints de la COVID-19 ou s’ils doivent s’occuper d’autres personnes malades. Même si le gouvernement fédéral financera entièrement ce programme, M. Pallister joue au « fervent défenseur » de ces congés de maladie et se vante que le gouvernement fédéral a « finalement » accepté sa demande de mettre en place ce programme. Qui voudra croire que M. Pallister dispose d’un tel pouvoir de persuasion?

M. Pallister se vante aussi d’affecter 2,3 milliards $ à la lutte contre la COVID-19, citant l’intention de se procurer de l’équipement de protection individuelle, et d’augmenter le nombre de centres de dépistage et de fonds pour répondre aux besoins de santé. Mais nulle part indique-t-il qu’en juillet, le gouvernement fédéral a annoncé qu’il accorderait au Manitoba 384,78 millions $ pour défrayer les coûts, entre autres, du dépistage, de la recherche de contacts, du transport en commun et de l’achat d’équipement de protection personnelle. Et, si le passé est garant de l’avenir, il est loin d’être certain que la somme de 2,3 milliards $ sera entièrement dépensée.

Malgré les dépenses extraordinaires occasionnées par la pandémie, M. Pallister s’engage encore une fois à réduire les impôts. La raison pour cette générosité improbable repose entièrement sur un vieux cliché: les contribuables savent mieux que le gouvernement comment dépenser leurs revenus. M. Pallister prétend que les réductions d’impôt permettent aux Manitobains de conserver leurs dollars dans leurs comptes de banque, « là où ils vous sont le plus utiles. »

Ce cliché irréfléchi fait fi de la raison d’être d’un gouvernement : celui de permettre à la population d’agir collectivement pour le bien commun. Car l’individu à lui seul ne peut pas décider de dépenser son argent pour construire un hôpital, une école ou une route. L’individu doit penser comme citoyen et comprendre que ce n’est que par l’effort collectif qu’il peut se donner les services et les infrastructures dont tous peuvent bénéficier.

Ni les réductions d’impôt, ni l’évocation populiste de la grande sagesse du contribuable, ne contribue au bien-être collectif de la société. M. Pallister devrait se rappeler que c’est le besoin d’agir pour le bien de l’ensemble des Manitobains qui justifie son poste et son salaire.