Par Michel LAGACÉ
Quand le médecin hygiéniste en chef du Manitoba, Brent Roussin, a annoncé des mesures plus strictes pour contrôler la COVID-19 dans la région de Winnipeg la semaine dernière, il a déploré le fait que la population s’était égarée dans sa lutte contre la pandémie.
Toujours la semaine dernière, le ministre de la Santé, Cameron Friesen, s’est aussi égaré dans son rôle de ministre lorsqu’il a rencontré environ 600 personnes dans sa circonscription, devant les bureaux de la division scolaire Garden Valley à Winkler. Entassées et sans masque, elles protestaient contre l’exigence que les élèves de la 4e à la 12e année portent le masque dans les écoles. Seule une note d’un médecin justifie une exemption à cette règle.
Les porte-paroles des manifestants prétendaient que le port du masque pouvait causer des dangers physiques et psychologiques aux élèves. Ils affirmaient aussi que le personnel scolaire et encore plus les parents connaissaient mieux que quiconque les enfants et qu’ils n’avaient pas été consultés au sujet de cette politique. Une de leurs représentantes a déclaré devant les commissaires que toute directive sur le port obligatoire du masque au Canada enfreint les droits des Canadiens. Ce à quoi le directeur général de la division scolaire a rétorqué que les directives concernant le port du masque sont décrétées par le gouvernement provincial.
M. Friesen a rencontré les protestataires, contrevenant du même coup à une directive officielle qu’il avait lui-même approuvée et que le Dr Roussin avait émise le 8 octobre. Cette directive limite toujours les rassemblements à l’extérieur du grand Winnipeg à 50 personnes à l’intérieur et à 100 personnes à l’extérieur. Pis encore, M. Friesen a indiqué aux médias que les protestataires faisaient valoir quelques bons points.
Loin de demander aux protestataires de se disperser pour respecter son ordre, M. Friesen a probablement encouragé tous ceux qui s’opposent au port du masque pour des raisons qui n’ont rien à voir avec la santé publique. Il n’a pas demandé aux protestataires sur quel droit ils s’appuyaient pour menacer d’infection leurs familles et leurs voisins. Et même s’ils connaissent leurs enfants mieux que tous les médecins du monde, M. Friesen ne pouvait pas prétendre que les parents connaissaient le virus mieux que les médecins.
M. Friesen a sérieusement manqué à son devoir de ministre de la Couronne lorsqu’il a accepté de rencontrer les manifestants qui s’étaient réunis malgré sa directive. Au nom du bien commun, les Manitobains et les Manitobaines sont en droit de s’attendre à ce que le ministre donne l’exemple. Pour son manque de cohérence, M. Friesen devrait immédiatement s’excuser de sa conduite déplorable et expliquer clairement le bien-fondé de sa directive du 8 octobre. Car il s’est sérieusement égaré dans l’exécution de ses fonctions.