À l’occasion du 135e anniversaire de la pendaison de Louis Riel, le 16 novembre 1885, l’Union nationale métisse Saint-Joseph du Manitoba relance sa campagne auprès du gouvernement canadien pour exonérer Louis Riel. L’organisme est notamment appuyé par Marvin Rotrand, conseiller du quartier Snowdon et doyen du conseil municipal de Montréal. (1)

Par Ophélie DOIREAU

Paulette Duguay, la présidente de l’Union nationale métisse Saint-Joseph du Manitoba, revient sur le commencement de cette campagne. « Je suis au CA de l’UNMSJ depuis 2008. Aussi loin que je me souvienne on a toujours parlé d’exonérer Louis Riel.

« Notre dernière tentative auprès du gouvernement canadien a eu lieu en 2017, à l’occasion du 150e anniversaire de la Confédération canadienne. Elle a été refusée.

« Et j’ai reçu récemment une invitation de la part de Marvin Rotrand, qui est un fervent défenseur des droits de la personne, pour relancer la campagne en faveur du Père du Manitoba.

« L’exonération de Louis Riel est quelque chose qui lui tient aussi très à coeur.

« Quelles meilleures circons-tances que le 135e anniversaire de son exécution, qui coïncide avec le 150e anniversaire de la province du Manitoba. Il m’a donc approchée, puisque l’UNMSJ est l’organisation doyenne des Métis au pays, fondée en 1887. Il voulait mon appui pour relancer la campagne. J’ai évidemment accepté.

« Il faut être conscient que cette demande n’est pas seulement soutenue par l’UNMSJ. Mais aussi par des Québécois et par des Métis de la Colombie-Britannique. Bien du monde embarque dans cette motion. »

Outre la coïncidence des dates, Paulette Duguay souligne que l’époque est propice pour demander une nouvelle fois cette motion.

« On est dans une ère de réconciliation. Ce n’est pas un mot vide de sens. Les Métis portent une blessure. Le procès de Louis Riel n’a été qu’un procès politique. C’est l’occasion de montrer que la réconciliation est prise au sérieux du côté du gouvernement. Si on veut avancer, il faut reconnaître qu’il y a eu des injustices. Ça serait un pas en avant. »

Toutefois, Paulette Duguay est bien consciente que cette initiative ne fait pas l’unanimité. « Comme sur n’importe quel sujet, il y a des perspectives différentes. Certains ne sont pas en faveur de l’exonération de Louis Riel.

« À l’UNMSJ, on a une approche familiale. On travaille à garder et à transmettre les valeurs et les convictions de Louis Riel.

| Responsabilité du Fédéral

« En 2020, c’est inacceptable que certains le voient encore comme un traitre.

« Il y a une éducation à faire sur ce sujet. Le Fédéral a une responsabilité de transmettre un juste message aux Cana-diens. »

Marvin Rotrand, conseiller municipal du quartier de Snowdon à Montréal, a cette fois beaucoup d’espoir de voir le gouvernement canadien accepter la motion.

« Durant les deux dernières années on a vu le gouvernement du Canada disculper, le 26 mars 2018, six chefs de guerre Tsilhqot’in de tout crime ou méfaits lors de la Guerre de Chilcotin de 1864.

« Ou encore en mai 2019, le Premier ministre Trudeau a exonéré le chef Poundmaker. Ce sont des signes qui me permettent de penser que le Canada pourrait accepter la même chose pour Louis Riel. »

Les motivations de Marvin Rotrand à s’impliquer dans ce projet sont de nature hautement humaniste.

« Je ne suis pas métis. Mais je crois dans une vision inclusive du Canada. Je crois en la cohabitation entre les peuples passés et futurs. Je veux m’assurer que les revendications des minorités visibles soient toujours entendues.

« Toutes les personnes qui croient en l’égalité sociale et aux droits de la personne soutiennent cette motion.

« Paulette fait partie de ces personnes. Elle est très courageuse et a réussi à rallier beaucoup de personnes autour de cette cause. »

Le conseiller municipal revient sur la notion d’exonération.

« En anglais il y a les mots pardon et exoneration. Dans le pardon, la personne est coupable de ses crimes et on lui pardonne.

« Alors que l’exonération admet qu’il y a eu une erreur dans le processus judiciaire et que la personne n’a jamais été coupable. Ces mots portent le même sens en français.

« C’est important de souligner qu’il y a une injustice qui cause de mauvaises relations entre les Métis et le gouvernement canadien. Il est temps d’aller de l’avant dans un esprit de réconciliation. »


(1) La sénatrice indépendante du Manitoba Marilou McPhedran; les historiens George et Terry Goulet; la mairesse de l’arrondissement Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension à Montréal et conseillère municipale de Montréal Giuliana Fuagalli; le président de la Fédération métisse de la Colombie-Britannique Keith Henry sont d’autres appuis de la motion.