Par Joël TÉTRAULT

Être en relation, c’est un défi monumental. La vie d’une relation est souvent parsemée de hauts et de bas, en plus d’être sans cesse en évolution.

Pour fleurir, cet engagement exige efforts, énergie et sens du compromis. La relation est en danger si l’un des deux participants n’est pas dédié à son succès.

Pour les Premières Nations, la négociation de Traités a valeur de relation, fondée sur le respect et la réciprocité.

Lorsqu’on scelle un Traité, c’est solennel : on devient en quelque sorte les membres d’une même fratrie. Également, ces ententes sont renégociables lorsque l’une des deux parties n’en profite plus.

Au début de la colonisation, la majorité des Traités signés entre les puissances coloniales et les Premières Nations respectaient ces principes de base.

La souveraineté des membres signataires était entendue (Voir le traité de la Grande Tabagie et le wampum à deux voies). Ces ententes historiques et légales avaient comme fondation le partage égal et réciproque de la terre et de ses ressources.

Mais les colons et les politiciens chrétiens de la France, de l’Angleterre, puis du Canada, ont cru bon d’utiliser une vieille bulle papale portant sur la doctrine de la découverte pour contourner les promesses légales et s’approprier presque unilatéralement de vastes terres.

Un véritable vol, puisque les peuples autochtones du Canada occupaient la totalité du territoire avant l’arrivée des Européens, contre 0,2 % maintenant.

Après la Confédération, sous l’égide du Premier ministre conservateur John A. Macdonald, le gouvernement a passé des lois qui contrôlaient tous les aspects de la vie des Premières Nations. Non seulement les peuples autochtones ont subi une ségrégation, mais en plus l’État leur a enlevé la possibilité d’élever leurs propres enfants.

Voilà qui en dit long sur qui devrait porter le fardeau de la réconciliation. En 2008, le Premier ministre conservateur Stephen Harper a formellement demandé pardon aux peuples autochtones pour la politique des pensionnats, un acte génocidaire.

Admettre ses fautes n’est pas facile. Demander pardon peut être vécu comme un geste extrêmement pénible et même humiliant.

Pourtant, c’est le début de la réconciliation. Accueillir le pardon offre souvent un soulagement. C’est un temps propice pour permettre à la relation de se renouveler afin qu’elle refleurisse.

Cependant, les mots sont souvent insuf-fisants pour obtenir une vraie réconciliation. Des actions concrètes doivent être posées.

Or les Premières Nations continuent de faire face à des gouvernements qui trop souvent ignorent leurs droits constitutionnels.

Pour qu’une vraie réconciliation se concrétise et qu’une nouvelle ère d’entente devienne réalité, le gouvernement du Canada et son peuple a le devoir de s’éduquer, pour ensuite passer à des actions concrètes aptes à renouveler l’esprit de coopération, de réciprocité et de souveraineté qui était la marque des Traités originaux.