Depuis le déclenchement des élections le 15 août, les différents candidats au travers du Canada font campagne pour être élus. Malgré une campagne électorale plutôt sans éclat, elle a tout de même eu le mérite de faire sortir du placard des enjeux de société, selon la directrice de Probe Research, Mary Agnes Welch.

par Ophélie DOIREAU

Les yeux de Mary Agnes Welch seront rivés sur plusieurs circonscriptions le soir de l’élection le 20 septembre. « Il y a vraiment beaucoup de circonscriptions à surveiller au travers du Canada, particulièrement au Québec. Je ne pourrais pas toutes les nommer, on voit dedans des courses entre trois partis : le Bloc Québécois, le Parti libéral et le Parti conservateur. Je pense que pour certaines d’entre elles, ce sera très serré pour ces partis. Les votes par la poste seront déterminants dans ces circonscriptions.

« Au-delà du Québec, une des circonscriptions très prisée est la région 905 de l’Ontario, soit la circonscription du Grand Toronto. C’est toujours difficile de prédire ce qui va se passer au niveau des votes. Mais elle est déterminante.

« Dans l’Ouest canadien, il y a des provinces où des votes pour les conservateurs sont déjà acquis comme en Saskatchewan ou en Alberta.

« Au Manitoba, si on parle de la circonscription Saint-Boniface/Saint-Vital, je ne pense pas que le député fédéral Dan Vandal soit en danger. Je suis assez confiante sur le fait qu’il garde son siège, il est plutôt populaire et les libéraux restent assez populaires au niveau national donc je ne vois pas cette circonscription comme déterminante.

« En revanche, dans la circonscription Charleswood/Saint-James/Assiniboia/Headingley, je pense que l’actuel député fédéral Marty Morantz pourrait être défait face au candidat libéral Doug Eyolfson qui est médecin. Ils sont au coude à coude dans leur campagne électorale.

« Une autre circonscription dans le même genre, c’est celle de Winnipeg Sud où Terry Duguid est élu. C’est possible qu’on voie un changement de député. Terry Duguid travaille dur et fait campagne avec ardeur. Cependant tout est encore possible. »

L’analyste rappelle que cette campagne électorale a été vraiment étrange. « La plupart des électeurs n’étaient pas prêts à une nouvelle élection. La pandémie est éprouvante, on sent encore les effets.

« Et puis déclencher des élections pendant l’été n’est pas la meilleure des choses. D’un autre côté, je pense que les Canadiens ont envie de changements. »

Et par changement Mary Agnes Welch souligne le renouveau du Parti conservateur.

« Erin O’Toole a vraiment bien fait pendant les dernières semaines surtout pour sa première campagne électorale.

« Certains électeurs sont prêts à reconsidérer de nouveau le Parti conservateur. Il a réussi à regagner la confiance des électeurs. C’est une bonne chose pour le parti puisque les attentes envers ce parti étaient vraiment basses.

« Il a fait ses preuves et ça pourrait le conduire à un gouvernement minoritaire. Je ne pense pas qu’il puisse avoir une majorité. Mais il y a une possibilité qu’il ait un gouvernement minoritaire.

« Même si les libéraux sont confiants et bien installés, on a vu que Justin Trudeau s’est revitalisé lorsque les conservateurs ont gagné en confiance. Il n’est jamais aussi bon que lorsqu’il est sous pression. Il reste encore du temps durant cette campagne électorale alors on ne peut pas savoir ce qui va se passer. »

D’ailleurs Mary Agnes Welch rappelle qu’il faudra être patient pour les résultats. « Nous ne saurons pas le 21 au matin les résultats. Mais environ une semaine après parce qu’Élections Canada doit certifier les votes reçus par la poste.

« Pendant cette campagne électorale, on a beaucoup parlé des votes par la poste. Mais je pense que le vote par anticipation aura un plus grand rôle. J’ai, moi-même, voté par anticipation pour la première fois de ma vie. Et ces votes sont les derniers à être comptabilisés. Alors il peut y avoir des surprises jusqu’à la fin. »

Si cette élection a été sans surprise, il y a des sujets qui sont apparus sur le devant de la scène pour la première fois. « Le changement climatique a vraiment été abordé, pas en surface comme très souvent. À cause de ce qui se passe en Afghanistan, on a parlé de politique étrangère, c’est très rare. On a aussi vu le sujet du contrôle des armes.

« On a parlé de revenus garantis de base, de garde d’enfants. Donc de manière étrange, même si cette campagne électorale était ennuyante, on a parlé de sujets vraiment nouveaux. Ce qui à mon sens est très bon signe. »