Par: Michel LAGACÉ
Le Canada se lance dans une nouvelle expérience sociale en marquant pour la première fois une journée de vérité et de réconciliation. Pour le gouvernement fédéral qui a voulu cette journée, il s’agit d’une occasion « de rendre hommage aux enfants disparus et aux survivants des pensionnats, leurs familles et leurs communautés ». (1)
Si l’on en juge par la volonté de milliers de Canadiennes et de Canadiens de participer à cette journée, cette commémoration pourrait bien marquer un tournant inattendu dans les relations entre l’ensemble de la population et les nations autochtones du pays. Le 30 septembre, un nombre étonnant de personnes ont participé à des marches et porté le chandail orange, un symbole qui rend hommage aux enfants qui ont survécu aux pensionnats et qui rappelle ceux qui n’y ont pas survécu. Ils se sont réunis pour manifester leur solidarité avec des peuples autochtones dont la spoliation du territoire a souvent provoqué l’indifférence dans le passé.
Comment pourrait-on accentuer la dynamique qui se dessine? Il y a déjà un modèle : le jour du Souvenir dont les rituels sont bien établis. Ce jour-là, des cérémonies se déroulent à travers le pays pour rendre hommage aux hommes et aux femmes qui ont servi le Canada et qui continuent de le faire. Des Canadiennes et des Canadiens observent un moment de silence, ils suivent la tradition du coquelicot et ils se réunissent près de monuments locaux qui rappellent le sacrifice de ceux et celles qui ont répondu à l’appel.
Car il s’agit bien d’une journée de commémoration à date fixe et pas d’un congé variable comme l’Action de grâce ou la fête du Travail. Alors, plutôt que de donner un congé et – disons-le – la plupart du temps une longue fin de semaine aux employés touchés par la loi fédérale, n’y aurait-il pas lieu de fermer les bureaux au public et de prévoir des activités de commémoration durant la matinée du 30 septembre, quitte à permettre aux employés de participer aux activités publiques de commémoration durant l’après-midi? Et au lieu de donner congé aux élèves et au personnel scolaire, ne pourraient-ils pas prévoir des activités de commémoration durant la matinée?
La première participation aux activités de commémoration du 30 septembre suggère qu’il existe une volonté réelle d’approfondir nos connaissances de l’histoire du Canada et des conséquences de l’arrivée de colonisateurs. S’il est vrai que la bonne santé de la société dépend de notre compréhension de cette histoire, la journée de vérité et de réconciliation devrait être l’occasion par excellence de la repenser et de reconnaître les torts du passé.
Car il faut aller au-delà du simple symbole du chandail orange pour créer une dynamique nouvelle entre tous les Canadiens d’aujourd’hui et les descendants des peuples qui ont occupé ce territoire pendant des millénaires.
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(1) Journée nationale de la vérité et de la réconciliation – Canada.ca